Les autorités libyennes ont promis dimanche d'accélérer les réformes à l'occasion des festivités pour le deuxième anniversaire de la révolte qui a renversé le régime de Mouammar Kadhafi, qu'aucun incident n'est venu troubler malgré les craintes de violences.

Des feux d'artifice et des chants révolutionnaires ponctuent depuis vendredi des célébrations spontanées dans toutes les villes du pays, tandis que des avions de chasse et hélicoptères de l'armée survolent régulièrement le ciel de la capitale.

Dimanche soir, plusieurs milliers de personnes --familles, ex-rebelles, jeunes-- se sont rassemblées à Tripoli et à Benghazi, berceau de la contestation, fêtant la révolution dans une ambiance de kermesse en agitant des drapeaux libyens sur fond de chants patriotiques diffusés par haut-parleurs.

À Tripoli, des centaines de voitures décorées de drapeaux libyens ont défilé dans la ville, musique à fond, dans un concert assourdissant de klaxons, provoquant des bouchons monstres.

«Voilà le peuple libyen libre. Personne ne peut gâcher notre fête. Où est Kadhafi! Où sont ses esclaves! Qu'ils nous regardent tous ces gens et qu'ils meurent de frustration», lance un jeune en se frayant un chemin au milieu de la foule.

Les festivités se déroulaient sous haute surveillance et dans une atmosphère de tension, les autorités ayant mis en garde une nouvelle fois contre les tentatives de partisans de l'ancien régime de profiter de l'occasion pour «semer le chaos».

Les services de sécurité, l'armée et d'anciens rebelles ont été mobilisés pour sécuriser les villes libyennes, où les points de contrôle ont été multipliés. Le gouvernement a fermé les frontières terrestres durant quatre jours et suspendu plusieurs vols internationaux.

Le clou des célébrations officielles a été un rassemblement, entouré d'importantes mesures de sécurité, sur la place Tahrir à Benghazi, en présence de Mohamed al-Megaryef, président de l'assemblée nationale, la plus haute autorité du pays.

Rendant hommage aux «vrais révolutionnaires», il a toutefois reconnu que le pays faisait face à de nombreux défis, notamment au niveau de la sécurité.

«Chaos sécuritaire»

«Le chaos sécuritaire coûte énormément au pays», en empêchant notamment le retour des sociétés étrangères qui ont quitté la Libye lors de la révolution, a-t-il déclaré devant quelques centaines de personnes.

Il a promis d'accélérer la rédaction de la Constitution ainsi que les réformes dans les domaines de la justice et de la réconciliation nationale. M. Megaryef a promis de mettre fin à la marginalisation de plusieurs régions en Libye, en particulier dans l'est, et d'améliorer le niveau de vie des habitants.

«Le gouvernement n'épargnera aucun effort pour consolider la souveraineté, l'indépendance et la stabilité du pays», a déclaré de son côté le premier ministre Ali Zeidan, dans un discours à la télévision nationale, soulignant que «toutes les dispositions seront prises en faveur d'une décentralisation du pouvoir».

Les responsables libyens réagissaient aux appels à des manifestations contre les autorités, lancés par plusieurs groupes et organisations de la société civile, dont des partisans du fédéralisme dans l'est du pays, qui ont décidé finalement de reporter leurs mouvements de protestation, par crainte des violences.

À Benghazi, l'ambiance festive spontanée n'a pas empêché des manifestants de critiquer les nouvelles autorités, appelant en particulier «à corriger le processus de la révolution» et réclamant plus de décentralisation du pouvoir.

Selon les protestataires, les nouvelles autorités n'ont pas avancé dans la réalisation des «objectifs de la révolution». Le nouveau régime a tardé selon eux à mettre en place une justice, à relancer l'économie et à rédiger une Constitution.