La mort du colonel Mouammar Kadhafi n'a pas ému outre mesure l'ancien premier ministre du Canada Brian Mulroney, qui estime que son décès violent était inévitable, un jour ou l'autre, à cause de la façon dont il a traité son peuple.

«C'est la conséquence inévitable d'un régime brutal et criminel. Alors, lorsqu'on abuse de la population pendant 42 ans, il faut s'attendre à ce que le dénouement manque d'élégance. C'est le cas», a commenté celui qui fut premier ministre conservateur du Canada de 1984 à 1993.

L'ancien premier ministre Mulroney a fait ces commentaires vendredi, après qu'il eut rencontré à Montréal l'ancien président de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), Mikhaïl Gorbatchev, à l'occasion d'un déjeuner organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

M. Gorbatchev lui-même, dans son allocution, a fait allusion à la mort violente du dictateur libyen, jeudi. Il a quant à lui déploré le fait que certains se réjouissent de la mort violente du colonel Kadhafi. «Quand la mort du colonel Kadhafi est applaudie, je n'aime pas ça, bien sûr, même si Kadhafi lui-même est à blâmer en partie pour ce qui est arrivé dans son pays», a affirmé M. Gorbatchev.

L'ancien président de l'URSS a plaidé pour les moyens pacifiques de résoudre les crises, même dans l'actuelle Libye. «Quand les conflits sont résolus par des moyens comme les missiles et les bombes, cela a tendance à étendre les crises», a-t-il soutenu.

Mais plus tard, interrogé séparément par les journalistes, M. Mulroney s'est dit en désaccord sur ce point avec M. Gorbatchev.

Il a dit craindre «moins que lui» les missiles et les bombes, «parce que ça a été initié largement par la population locale», cette révolte populaire contre Mouammar Kadhafi. «Ce n'est pas tellement un événement extérieur, quoique l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) a été indispensable là-dedans. Mais c'était une révolution interne pour se débarrasser d'un dictateur», a conclu l'ancien premier ministre du Canada.

L'ancien président de l'URSS a brossé un portrait de la guerre froide à son époque et de ses négociations avec l'ancien président américain Ronald Reagan pour la réduction des armes nucléaires. Il a fait l'éloge du changement, arguant que «tout le monde a besoin de changer», bien qu'il ait laissé entendre que l'ancienne Union soviétique, elle, avait déjà changé.

Il a aussi déploré la méfiance envers la Russie qu'il sent encore aujourd'hui en Occident, particulièrement de la part des États-Unis.