Les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, organisation dominée par l'ex-branche d'Al-Qaïda et qui domine le nord-ouest de la Syrie, ont recours à la « torture » et aux « détentions arbitraires » contre des militants qui s'opposent à leur pouvoir, a dénoncé lundi Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.

Hayat Tahrir al-Cham (HTS) a consolidé son emprise sur la province d'Idleb, une vaste enclave où cohabitent des factions rebelles et qui échappe encore au contrôle du régime de Bachar al-Assad dans le nord-ouest de la Syrie en guerre.

Les djihadistes de HTS ont arrêté au moins 11 habitants d'Idleb, « apparemment à cause de leur travail pacifique de documentation des abus du groupe, ou parce qu'ils protestaient contre son pouvoir », a affirmé dans un communiqué HRW, basé à New York.

Quatre personnes sont toujours portées disparues ou se trouvent en détention, tandis que six autres ont été « apparemment torturées », dont un adolescent de 16 ans, souligne l'organisation, qui a parlé directement aux victimes ou leurs proches.

« Un homme a indiqué avoir été suspendu par les pieds à un poteau pendant des heures durant son interrogatoire. Un autre a dit avoir été emmené dans une chambre en acier très étroite, comme un cercueil, pendant trois heures », détaille HRW.

Une troisième personne a été placée à l'intérieur d'un pneu puis « battue sans interruption », une méthode de torture aussi utilisée par les services de sécurité du régime, selon l'ONG.

« Au mieux, vous pouvez bouger un peu les épaules. À plusieurs reprises, ils ont mis des choses dans ma bouche, une balle par exemple, pour que je ne puisse pas crier », a raconté cette victime dont le témoignage est cité par HRW. « J'ai perdu conscience à plusieurs reprises ».

Sur les 11 cas recensés, HRW dénombre sept « militants ou des journalistes qui ont participé ou couvert des manifestations, ou collaboré avec des médias étrangers ».

Quatre détenus ont dû signer une déclaration les engageant « à ne pas filmer ou couvrir » les activités de HTS ni même travailler dans les territoires de l'organisation, précise le communiqué.

« Il n'y a aucune excuse légitime pour arrêter des opposants, et les soumettre à des détentions arbitraires et à la torture », a fustigé Lama Fakih, directrice adjointe pour le Moyen-Orient à HRW.

« La répression de Hayat Tahrir al-Cham [...] est similaire à certaines tactiques répressives utilisées par le gouvernement syrien », ajoute-t-elle.

Déclenché en 2011 avec la répression de manifestations par le pouvoir d'Assad, le conflit en Syrie s'est complexifié au fil des ans avec l'implication de pays étrangers et de groupes djihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé.

Il a fait plus de 360 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.