Une alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par Washington a conquis mercredi le dernier village tenu par le groupe État islamique (EI) dans l'est de la Syrie, confinant les djihadistes dans deux petits hameaux, a rapporté une ONG.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont lancé en septembre une offensive contre le dernier bastion de l'EI dans la province de Deir Ezzor, à la frontière avec l'Irak, avec l'appui des frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par les États-Unis.

Les combattants kurdes et arabes ont déjà conquis l'écrasante majorité de ce réduit, malgré les contre-attaques meurtrières de l'EI, qui a prouvé qu'il était encore capable de frapper fort avec des attentats visant notamment les troupes américaines de la coalition.

Mercredi, les FDS ont conquis dans son intégralité le village de Baghouz, le seul encore aux mains des djihadistes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Désormais l'EI ne tient plus que deux hameaux et quelques terrains agricoles, d'après la même source.

« Les opérations de ratissage se poursuivent à Baghouz pour retrouver des éléments de l'EI qui se seraient cachés », a précisé le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. « Les FDS devraient maintenant avancer vers les terres agricoles près de Baghouz ».

« Combattants acharnés »

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes territoires en Syrie et en Irak, l'EI a vu son « califat » auto-proclamé se réduire comme peau de chagrin, confronté à de multiples offensives dans ces deux pays.

« Nous voyons beaucoup de combattants ennemis (membres de l'EI, NDLR) prendre la fuite », a indiqué à l'AFP le porte-parole de la coalition internationale antidjihadistes, le colonel Sean Ryan.

« Les forces syriennes sont à moins de 10 kilomètres de la frontière irakienne, mais elles luttent toujours contre la résistance de combattants acharnés » de l'EI, a-t-il averti.

« Notre mission reste la défaite définitive de l'EI. C'est difficile de dire combien de temps cela prendra, malgré les progrès », a-t-il souligné. « Nous essayons de ne pas parler en termes de délais, il s'agit davantage d'affaiblir les capacités de l'ennemi ».

Depuis septembre, les affrontements dans le dernier bastion de l'EI ont tué plus d'un millier de djihadistes, contre plus de 600 combattants des FDS, selon l'OSDH. Au moins 380 civils ont péri dans les violences, d'après la même source.

Le secteur a également connu un exode massif de civils et de proches de l'EI qui fuient les combats, et des centaines de djihadistes ont rendu les armes, selon l'Observatoire.

Malgré cette déroute, les djihadistes ont revendiqué deux attentats meurtriers en moins d'une semaine contre des troupes américaines de la coalition et leurs alliés syriens.

Attaques kamikazes

Le 16 janvier, une « patrouille de routine » des forces américaines a été prise pour cible par un kamikaze de l'EI dans la ville de Minbej (nord), située à des centaines de kilomètres du réduit djihadiste.

Dix civils et cinq combattants des forces arabo-kurdes ont été tués. Quatre Américains ont péri : deux militaires, un employé civil du ministère de la Défense et un employé d'un sous-traitant du Pentagone.

Avec 19 morts au total, il s'agissait de l'attaque la plus meurtrière contre les forces américaines en Syrie depuis 2014, au vu des chiffres du Pentagone.

Quelques jours plus tard, dans la province de Hassaké (nord-est), un convoi des forces américaines et des FDS a été pris pour cible par un kamikaze au volant d'une voiture piégée. Cinq membres des FDS ont été tués, selon l'OSDH.

Ces violences interviennent alors que les États-Unis ont annoncé en décembre le retrait à venir de Syrie des quelque 2000 soldats américains, justifiant ce désengagement par la défaite de l'EI.

Outre son réduit dans l'est, les djihadistes sont présents dans un secteur du désert syrien qui s'étend du centre du pays à la province de Deir Ezzor. Dans cette zone inhabitée, des affrontements sporadiques les opposent aux forces de Damas.

La lutte contre l'EI vient illustrer la complexité de la guerre qui ravage la Syrie depuis 2011 et qui a fait plus de 360 000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

Déclenché avec la répression par le pouvoir syrien de manifestations pro-démocratie, le conflit implique aujourd'hui puissances étrangères et groupes djihadistes sur un territoire morcelé.