Plus de 40 civils ont été tués ces dernières 48 heures en Syrie dans des raids aériens probablement menés par la coalition commandée par les États-Unis dont les troupes participent à une opération antidjihadistes dans le nord du pays en guerre.

Ces frappes ont été annoncées mercredi, le jour où s'est tenue à Washington une réunion des pays de la coalition luttant contre le groupe djihadiste État islamique (EI) en Syrie et en Irak, devant laquelle le secrétaire d'État Rex Tillerson a promis de défaire cette organisation et la mort de son chef Abou Bakr al-Baghdadi.

Elles surviennent également avant le début jeudi d'un nouveau round de pourparlers intersyriens sous l'égide de l'ONU, qui suscite néanmoins peu d'espoirs de règlement pour un conflit dévastateur qui a fait plus de 320 000 morts en six ans.

C'est dans la province septentrionale de Raqa, contrôlée en majorité par l'EI et régulièrement visée par des raids de la coalition, que «huit civils ont été tués mercredi après-midi et 15 blessés dans des raids de la coalition», a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Les frappes ont touché une boulangerie et d'autres magasins proches dans la ville de Tabqa (contrôlée par l'EI). Certaines personnes sont toujours portées disparues et probablement ensevelies sous les décombres», a dit l'ONG.

Mardi matin, 33 civils ont péri dans une frappe sur une école servant de centre pour les déplacés au sud d'Al-Mansoura, ville tenue aussi par l'EI et située dans la province de Raqa, a indiqué l'OSDH, en accusant également la coalition.

Le même jour, les États-Unis ont utilisé des hélicoptères d'attaque et de transports de troupes et de l'artillerie pour soutenir une offensive de l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) sur le barrage de Tabqa, selon le Pentagone.

Le colonel Joseph E. Scrocca, porte-parole militaire américain, a reconnu que la coalition avait mené des frappes «dans cette zone» d'Al-Mansoura, et qu'elle enquêtait sur les informations parlant de victimes civiles. 

Combats à Damas

Les membres des FDS ont été héliportés avec l'objectif d'attaquer le barrage par le sud. «C'est la première fois» que les forces américaines héliportent ainsi des combattants alliés derrière les lignes djihadistes en Syrie, selon le porte-parole.

Selon un commandant des FDS, le site où les combattants ont été héliportés se situe «à 15 km à l'ouest de Tabqa».

Cette ville représente une importante ligne de défense pour l'EI, à une cinquantaine de km à l'ouest de la ville de Raqa, capitale de facto de l'EI et objectif ultime des Américains et leurs alliés.

Les militaires de la coalition ont déjà été montrés du doigt la semaine passée pour un raid aérien qui aurait déjà fait des dizaines de victimes civiles dans une mosquée dans la province d'Alep.

Sur un autre front, des combats continuent d'opposer les rebelles et leurs alliés djihadistes de Fateh al-Cham aux forces du régime pour le quatrième jour consécutif dans l'est de Damas.

Les affrontements, entre les quartiers de Jobar et Qaboun, sont les plus violents à Damas depuis deux ans.

Le bruit des bombardements de l'armée et la pluie de roquettes tirées par les rebelles sur les quartiers résidentiels résonne dans l'est de Damas, à moins de dix km du centre-ville.

Fuite de civils à Hama

Selon l'OSDH, «la rébellion veut faire la jonction entre les quartiers de Jobar et de Qaboun», l'un qu'elle contrôle à moitié, et l'autre où elle est présente en majorité.

Un habitant de Damas âgé de 62 ans et se faisant appeler Abou Rita, a raconté avoir été bloqué chez lui pendant quatre jours. «C'est le premier jour où j'ai pu sortir. Ces quatre jours ont été les plus durs de ma vie.»

Dans le centre du pays, d'autres groupes rebelles progressaient dans la province de Hama à la faveur d'une nouvelle offensive contre le régime. Ils se sont emparés de plusieurs villages ainsi que de la localité stratégique de Sourane et se trouvent à quelque 4 km de la ville éponyme, selon l'OSDH.

Des civils fuyaient les combats dans le secteur après avoir placé quelques affaires à bord de pick-ups, selon un correspondant de l'AFP sur place.

L'ONG Save the Children a affirmé qu'au moins 10 000 personnes avaient été forcées de fuir leur foyer de la région de Hama, en s'alarmant de l'intensification des attaques contre les écoles et les civils.

«Il y a des développements sur le terrain qui soulèvent des inquiétudes», a déclaré l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura, à la veille des négociations de Genève.