L'ONU a commencé mercredi à évacuer 500 blessés et malades de quatre villes assiégées en Syrie tandis que l'incertitude persiste à Genève sur la poursuite des négociations de paix après le départ d'une partie de l'opposition.

La trêve initiée par les États-Unis et la Russie et entrée en vigueur le 27 février, semble elle aussi menacée après des violations tant par le régime du président Bachar al-Assad, que par les rebelles dans le pays ravagé par plus de cinq ans de guerre.

L'évacuation qui a débuté mercredi «concerne les gens blessés ou malades de quatre villes assiégées» a indiqué à l'AFP une source de l'ONU à Damas.

À New York, le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric a précisé que des membres des familles des blessés et malades faisaient également partie des 500 personnes évacuées.

Le premier bus, qui comptait 15 jeunes gens et 10 personnes âgées, a quitté en fin d'après-midi la localité rebelle de Zabadani assiégée par les forces prorégime, à l'ouest de Damas, selon un journaliste de l'AFP sur place.

Selon une source militaire, 225 autres personnes seront évacuées de la localité rebelle voisine de Madaya. Plusieurs personnes sont mortes de faim à Madaya, une cité qui a symbolisé les souffrances endurées par la population depuis le début de la guerre en 2011.

Dans le même temps, un autre bus quittait avec des blessées et leur famille les localités chiites de Foua et Kafraya, favorables au régime, et encerclées depuis des mois par les rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest), selon une source de sécurité.

«L'ONU demande à toutes les parties, et particulièrement aux autorités syriennes, de permettre aux convois transportant des équipements médicaux d'accéder aux régions assiégées», a insisté M. Dujarric.

Négociations incertaines 

À Genève, les pourparlers qui doivent en principe aboutir à la fin d'une guerre qui a fait plus de 270 000 morts, battent de l'aile avec le départ de la majorité des négociateurs des principaux groupes de l'opposition réunis au sein du Haut comité des négociations (HCN).

Ils ont jugé «inacceptable» de poursuivre les discussions avec le régime de Damas qu'ils accusent de massacrer des civils. Le HCN a toutefois laissé sur place une équipe «technique» qui poursuivra les pourparlers depuis son hôtel.

Pour le chef de la délégation du régime, Bachar al-Jaafari, ce départ est une bonne chose. «En partant, ils ont peut-être levé le principal obstacle» aux pourparlers, a-t-il affirmé, accusant le HCN d'être des «extrémistes, terroristes et mercenaires» à la solde de l'Arabie saoudite.

L'opposition insiste pour la constitution d'un «organe gouvernemental de transition» doté de pouvoirs exécutifs et dont serait exclu M. Assad, une ligne rouge pour le régime.

Mais pour M. Jaafari, la solution politique doit reposer sur un «gouvernement d'union nationale élargi».

Concernant la composition d'un tel gouvernement, il a indiqué qu'il devrait être ouvert à «des membres qui rejettent le terrorisme» et des représentants de l'«opposition nationale qui ne travaillent pas pour le compte de puissances étrangères».

Un chef de l'EI tué en Irak 

Le futur exécutif devrait inclure des «représentants de notre gouvernement actuel», des «technocrates et des figures indépendantes», a ajouté M. Jaafari.

Sur le terrain, le groupe djihadiste État islamique (EI) s'est emparé d'un des quartiers gouvernementaux de la ville de Deir Ezzor (est), se rapprochant de l'aéroport aux mains de l'armée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

La majorité de la province de Deir Ezzor est aux mains de l'EI depuis 2014, à l'exception d'une partie de la capitale éponyme qui reste contrôlée par les forces gouvernementales et où vivent 200 000 habitants, totalement assiégés par l'EI.

Ailleurs dans le pays, dans la ville septentrionale d'Alep, sept personnes sont mortes dans des raids du régime sur le quartier rebelle de Salahedinne, selon l'OSDH.

Et des combats meurtriers ont opposé des forces kurdes à des combattants prorégime dans la ville de Qamichli (nord-est), ont précisé l'ONG et une source kurde.

En Irak voisin, l'EI semble avoir subi un revers avec la mort, selon les autorités kurdes, d'un de ses hauts responsables militaires dans un raid mené par des commandos américains et kurdes.