Les planificateurs canadiens et américains de la défense ont remarqué la présence de missiles de croisière russes en Syrie, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l'Occident, surtout dans l'Arctique, selon le responsable du Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD).

L'amiral américain Bill Gortney a révélé à La Presse Canadienne que pour mener leurs frappes à Raqqa - la soi-disant capitale du groupe armé État islamique en Syrie -, les appareils russes n'avaient pas eu à quitter leur espace aérien pour livrer leurs charges mortelles.

Les missiles - lancés au mois de novembre - provenaient des avions bombardiers Tu-160 et Tu-95 et de bateaux dans la mer Caspienne qui ont parcouru des milliers de kilomètres pour frapper leur cible. Ces attaques ont été suivies par les tirs du missile de croisière sous-marin Kalibr, en décembre.

En entrevue avec La Presse Canadienne, l'amiral Gortney a soutenu que le message envoyé par les Russes était clair comme de l'eau de roche: ils veulent dire à l'Occident qu'ils ont cette capacité et qu'ils peuvent l'utiliser partout dans le monde.

Ottawa s'apprête à réexaminer les politiques du ministère de la Défense nationale, et contrairement aux conservateurs, l'Arctique ne semble pas être dans les priorités du gouvernement Trudeau.

L'un des enjeux les plus pressants sera de remplacer les stations radars vieillissantes dans les dix prochaines années.

Récemment, les planificateurs de la défense à Washington et Ottawa ont discrètement signalé la possibilité d'une attaque surprise de missiles de croisière dans le Grand Nord.

Leurs recherches se sont toutefois concentrées majoritairement sur les attaques d'États voyous ou de groupes terroristes à partir de bateaux en passage du Nord-Ouest. Les experts ont cependant prévenu que l'absence de protection radar à basse altitude - en dessous de 3000 mètres - pouvait être problématique pour repérer les missiles de croisière.

L'amiral Gortney a indiqué que le système d'avertissement du NORAD dans le nord pouvait retracer les missiles balistiques qui passent par le haut du pôle Nord, mais le dépistage des missiles de croisière à basse altitude serait très difficile, selon lui.

Les Canadiens et les Américains tentent actuellement de trouver une solution à ce problème, a-t-il indiqué.

«Contre cette menace particulière, on doit regarder plus loin que l'horizon. Est-ce que cela signifie que ce devra être aéroporté? Au sol? Ou une combinaison des deux?», a-t-il expliqué.

Le climat rude du Nord complique d'autant plus le casse-tête, a-t-il ajouté.

L'une des solutions potentielles serait l'avion de surveillance E2D-Hawkeye, qui a déjà été testé de façon électronique. Mais le Canada n'a ni l'avion ni le bateau et l'utilisation des Américains dépendrait de la température.

PHOTO PC

Bill Gortney