Dans la nuit de lundi à hier, les forces d'opposition au gouvernement de Bachar al-Assad ont choisi un premier ministre intérimaire qui sera à la tête d'un gouvernement en exil, baptisé la Coalition nationale syrienne. Portrait en trois temps de Ghassan Hitto, politicien accidentel.

Hommes D'affaires Texan

Même s'il est né en 1953 à Damas, dans une famille kurde, c'est aux États-Unis, où il vit depuis les années 80, que Ghassan Hitto a bâti sa carrière. Titulaire d'un MBA de l'Université Wesleyan, en Indiana, il travaille dans le milieu des nouvelles technologies et des communications au Texas depuis près de 25 ans, dont plus de 15 ans comme haut gestionnaire. Marié à une enseignante, il a quatre enfants, tous nés aux États-Unis. L'un d'entre eux, Obaida, 25 ans, a décidé l'an dernier de se joindre aux rebelles de l'Armée syrienne libre, à titre de vidéaste.

Humanitaire improvisé

Marchant dans les traces de son fils, Ghassan Hitto a décidé de quitter son emploi en novembre dernier pour «se joindre à la révolution syrienne». Il s'est rapidement intéressé aux besoins humanitaires des Syriens habitant dans les zones contrôlées par les rebelles. Prenant les rênes de l'aile humanitaire de la Coalition nationale syrienne, il a vite bâti des relations diplomatiques avec les pays donateurs, dont les États-Unis, et demandé une étude pour évaluer les besoins réels des Syriens vivant dans les zones de combat ou dans des camps de réfugiés. Ses succès dans cette entreprise n'ont pas tardé à être remarqués.

Premier ministre

La candidature de Ghassan Hitto n'a pas fait consensus. Lors du vote qui lui a permis de devenir premier ministre dans la nuit de lundi à hier, il a tout juste récolté 35 votes de plus que son plus proche rival. Les analystes estiment que le Syrien-Américain, réputé très religieux, est le choix des Frères musulmans de Syrie, mais rallie aussi une partie de l'opposition libérale. Son principal mandat sera d'unir les rebelles et les forces d'opposition. Il devra aussi former un gouvernement qui tentera de camper son autorité sur les régions du nordest de la Syrie contrôlées par l'Armée syrienne libre. Afin d'établir la crédibilité internationale de la Coalition, M. Hitto compte demander un siège pour son organisation aux Nations unies et à la Ligue arabe.

-Avec le New York Times, Al-Jazira, Gulf News, The Guardian