Le président de la commission d'enquête de l'ONU sur la Syrie a dénoncé lundi à New York la situation désespérée de milliers de personnes enlevées dans le pays, où le conflit a fait plus de 100 000 morts en 28 mois.

«L'un des aspects les plus insidieux du conflit syrien est la disparition de milliers de personnes, (enlevées) chez elles, à des barrages ou dans la rue», a déploré Paulo Sergio Pinheiro, devant l'Assemblée générale.

Un homme, interrogé par les enquêteurs des Nations unies après avoir été détenu pendant plus d'un an par les services de renseignement du président Bachar al-Assad, «a dû affronter après sa libération des dizaines de femmes brandissant devant lui des photos de leurs maris, fils ou pères dans l'espoir qu'il ait vu l'un d'entre eux durant son emprisonnement», a expliqué le responsable.

Ces détentions «sont, pour la commission d'enquête, la porte ouverte à d'autres crimes, comme la torture», a-t-il insisté devant les 193 membres de l'Assemblée, en présentant des documents faisant état de nombreux abus dans ce conflit long de 28 mois et ayant fait près de 100 000 morts, selon l'ONU.

«La torture, comme nos données l'indiquent, continue à être pratiquée de façon systématique et généralisée, la plupart du temps au sein des centres de détention des services de renseignement du gouvernement», a ajouté M. Pinheiro.

«La torture aurait aussi été utilisée dans les hôpitaux militaires et d'État. Des groupes armés opposés au gouvernement ont également torturé des soldats lors d'interrogatoires, en employant les mêmes méthodes que les services de renseignement» de Bachar al-Assad.

«Des massacres et assassinats sont perpétrés en toute impunité», a-t-il encore martelé.

L'ambassadeur de la Syrie auprès de l'ONU Bashar Jaafari a critiqué les informations rapportées par les enquêteurs des Nations unies, les qualifiant «d'absurdes».