La répression du mouvement de contestation contre le président syrien Bachar al-Assad a fait au moins sept morts dimanche en Syrie, deux mois après le début de la révolte, les forces de sécurité bombardant plusieurs quartiers de la localité de Tall Kalakh (sud-ouest).

«Au moins sept personnes, dont deux femmes, ont été tuées par les forces de sécurité qui bombardent indistinctement quatre quartiers de la localité» de Tall Kalakh, à 150 km au nord-ouest de Damas et près de la frontière avec le Liban, a dit un militant à l'AFP citant des témoins.

Il a affirmé que le nombre de victimes pourrait être plus important, précisant que sept avaient jusqu'ici été identifiées.

Trois des victimes ont été tuées «alors qu'ils quittaient la mosquée Othman Ibn-Affan dans le centre de Tall Kalakh», selon un témoin joint par téléphone par l'AFP. Il a précisé que les tireurs «étaient des membres des services de sécurité».

«La situation est très mauvaise, des chars ont été déployés dans plusieurs quartiers», a dit cet homme qui semblait terrifié, avec des tirs résonnant en bruit de fond.

«Il y a beaucoup de gens blessés dans les rues et nous ne pouvons pas aller les chercher», a-t-il ajouté.

À la frontière avec le Liban, une Syrienne a été tuée et six autres personnes blessées, dont une fillette, un soldat libanais et trois Syriens, par des tirs venant de Syrie alors que quelques dizaines de Syriens fuyaient à pied Tall Kalakh.

Des tirs sont partis du côté syrien au moment où les déplacés traversaient le point de passage d'Al-Boqayaa, généralement utilisé par des contrebandiers, et à travers lequel transitent depuis vendredi des centaines d'habitants de Tall Kalakh vers la localité libanaise de Wadi Khaled.

Selon une source des services de sécurité libanais, deux gardes-frontière syriens étaient parmi ceux fuyant le côté syrien. L'un d'eux a succombé à ses blessures à son arrivée au Liban.

De son côté, le journal syrien Al-Watan, proche du régime, a affirmé que des hommes armés avaient fui Banias (nord-ouest) et Homs, et trouvé refuge à Tall Kalakh.

«De lourds combats ont eu lieu hier (samedi) soir entre l'armée syrienne et des groupes armés, qui ont pris position à Tall Kalakh», a-t-il affirmé, ajoutant que des «combattants» étaient venus du Liban pour apporter un soutien aux groupes armés.

Le ministre de l'Information, Adnane Mahmoud, avait annoncé vendredi l'ouverture d'un dialogue national pour sortir de la crise, de même que le retrait graduel de l'armée des foyers de la contestation, Banias (nord-ouest) et Deraa (sud).

Un militant a indiqué qu'à Banias, les chars s'étaient retirés du centre, mais que «les soldats et les forces de sécurité (y) étaient toujours présents».

La répression a fait en deux mois quelque 700 morts et entraîné des milliers d'arrestations à travers la Syrie, suscitant de vives critiques au niveau international.

Dans les rangs de l'opposition, l'une de ses principales figures, Riad Seif, 64 ans, a été libéré dimanche sous caution en attendant son procès.

Selon le responsable de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, Abdel Karim Rihawi, une cour d'appel avait confirmé la décision de relâcher Riad Seif, sans préciser le montant de la caution versée.

La militante des droits de l'Homme Catherine Talli, arrêtée vendredi, a également été libérée tout comme Malak al-Chanawani, un journaliste détenu le 11 avril, l'écrivain Ammar Dayoub, Jalal Nawfal, un médecin, et Ammar Aaryouti, un militant.

Human Rights Watch a accusé dans un communiqué «les dirigeants syriens qui parlent d'une guerre contre des terroristes, de mener une guerre contre des Syriens ordinaires -avocats, militants des droits de l'Homme, étudiants universitaires- qui appellent à des changements démocratiques dans leur pays».

L'ONG appelle «les autorités syriennes à révéler le sort des militants pris pour cible, de s'assurer qu'ils ne sont pas soumis à des mauvais traitements en détention et de libérer tous ceux arrêtés pour avoir exercé leur droit fondamental à la liberté d'expression et d'association».

Le mouvement de contestation en Syrie a débuté à Damas le 15 mars, à l'appel d'une page Facebook, avant de s'étendre à d'autres villes.

Les contestataires, qui exigeaient au départ la levée de l'état d'urgence et la fin de la suprématie du parti Baas, réclament désormais la chute du régime.