Un message texte évoquant des «armes» envoyé peu avant la tuerie, sept personnes en garde à vue: l'enquête progressait dimanche en France pour cerner les éventuelles complicités de l'auteur de l'attentat de Nice qui a soigneusement planifié son attaque le jour de la fête nationale.

Le bilan de 84 morts, dont dix mineurs, pourrait encore s'alourdir. Le pronostic vital de 18 blessés, dont un enfant, était toujours engagé dimanche. Au total 85 personnes restaient hospitalisées.

Devant un mémorial improvisé sur la Promenade des Anglais, le front de mer où s'est déroulé le drame, des passants ont continué à déposer fleurs et messages. «Je penserai à vous le reste de mes jours», dit l'un. «Pourquoi nous?», s'interroge un autre.

À Paris, plus d'un millier de fidèles ont assisté dimanche en la cathédrale Notre-Dame à une messe en hommage des victimes. Peu avant, les cloches ont sonné le glas, et le sonneront à nouveau lundi midi, quand le troisième jour de deuil national culminera avec une minute de silence.

Pour ce moment de recueillement, Nice prévoit des «moyens exceptionnels supplémentaires» de sécurité sur la Promenade des Anglais.

Un nouveau conseil de défense et de sécurité est prévu lundi pour tirer les leçons de cet attentat alors que l'exécutif français continue d'être critiqué sur sa gestion antiterroriste.

Peu avant l'attentat, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a envoyé un message texte «se félicitant de s'être procuré un pistolet de calibre 7,65 et évoquant la fourniture d'autres armes», selon des sources proches du dossier.

Plus de 200 enquêteurs sont mobilisés pour «identifier l'ensemble des destinataires» des messages.

Le chauffeur-livreur tunisien de 31 ans s'est également pris en photo au volant du camion qui a servi à commettre l'attentat, entre sa location le 11 juillet et le 14 juillet, avant de l'envoyer par message texte.

Selon une source proche des enquêteurs français, il avait repéré les lieux avec son camion les deux jours précédant son passage à l'acte.

«Guerre totale»

Dimanche, sept personnes se trouvaient en garde à vue, après la levée de celle de l'épouse de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, dont il était séparé. Parmi elles, un Albanais de 38 ans, arrêté dimanche, est soupçonné d'avoir fourni le pistolet 7,65.

Selon des sources policières, au moins une personne a évoqué en garde à vue un basculement «récent» vers «l'islam radical» de Lahouaiej-Bouhlel, un homme violent qui n'affichait jusqu'il y a peu aucun intérêt particulier pour la religion.

L'attaque a été revendiquée par les djihadistes de l'État islamique.

Huit mois après avoir décrété l'état d'urgence en France dans la foulée des attaques djihadistes du 13 novembre à Paris, le gouvernement socialiste a appelé samedi «tous les Français patriotes» à venir épauler les forces de sécurité.

Cet appel du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à rejoindre les réservistes de la police et la gendarmerie est la seule proposition nouvelle lancée par le pouvoir, acculé à réagir trois jours après le carnage.

L'ancien Premier ministre Alain Juppé, et candidat à la primaire de droite pour la présidentielle de 2017, a de nouveau appelé le gouvernement à «passer à la vitesse supérieure» contre le terrorisme.

Le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, a lui jugé que «tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été».

«Nous sommes en guerre, une guerre totale (...) Donc, je vais employer des mots forts: ça sera eux ou nous», a déclaré l'ex-chef de l'État dans le journal télévisé du soir sur TF1, très regardé.

En réponse, le premier ministre Manuel Valls a mis en garde contre toute surenchère: «Remettre en cause l'État de droit, remettre en cause nos valeurs, serait le plus grand renoncement». Selon les autorités, «100 000 policiers, gendarmes et militaires sont mobilisés pour assurer la sécurité» en France.

MM. Valls et Cazeneuve ont également affirmé, dans un communiqué commun, que l'action «résolue» de l'exécutif «donne des résultats», rappelant que «16 attentats ont été déjoués sur notre sol depuis 2013».

L'attentat de Nice est la troisième tuerie de masse en France, après ceux de janvier 2015 contre le journal satirique Charlie Hebdo, des policiers et des juifs (17 morts) et de novembre 2015 (130 morts à Paris et à Saint-Denis).