La France a engagé lundi son porte-avions contre le groupe État islamique, dix jours après les attentats de Paris, sur fond de grandes manoeuvres pour sceller un front anti-djihadistes uni, de Washington à Moscou.

Les chasseurs-bombardiers Rafale basés sur le Charles-de-Gaulle ont frappé l'EI en Irak puis en Syrie pour la première fois depuis le déploiement du navire en Méditerranée orientale, au large des côtes syriennes.

«Cet engagement fait directement suite aux attentats de Paris (..) Notre objectif est d'affaiblir Daech (acronyme de l'EI en arabe) en vue de le détruire définitivement», a déclaré le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, à bord du porte-avions.

Si le Charles-de-Gaulle a déjà été engagé en Irak depuis le Golfe, de février à avril, il est mobilisé pour la première fois pour des opérations en Syrie, où la France intervient militairement depuis septembre.

Ciblant l'EI dans son fief de Raqa au nord de la Syrie, les chasseurs ont frappé «plusieurs infrastructures dont un centre de commandement, une zone de stockage de véhicules et des ateliers de maintenance», a annoncé le ministère français de la Défense.

«Les cibles visées ont été détruites», a ajouté le ministère, précisant que le raid était constitué de quatre Rafale du porte-avions et de deux Mirage 2000 français partis de Jordanie.

À la mi-journée, quatre Rafale du Charles-de-Gaulle avaient déjà apporté un soutien aérien à des forces irakiennes opposées à l'EI dans les secteur de Ramadi (ouest) et Mossoul (nord), deuxième ville d'Irak.

À Ramadi, les frappes ont «mis hors de combat un groupe de terroristes», a précisé l'état-major dans un communiqué. A Mossoul, «une position d'artillerie de Daech qui était en train de tirer sur les troupes irakiennes a été détruite».

Les 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions triplent la capacité de frappes française dans la région, en s'ajoutant aux 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis et en Jordanie (respectivement six Rafale et six Mirage 2000).

«Leur faire mal» 

«Nous allons intensifier nos frappes, nous allons choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possibles à cette armée terroriste», avait déclaré dans la matinée le président français François Hollande.

Avec cet engagement de l'aéronavale, Paris a aussi frappé un coup au moment où le président français s'apprête à se rendre à Washington mardi et Moscou jeudi pour tenter de forger une coalition élargie contre l'EI.

Dans le ciel syrien, la coordination pour éviter les téléscopages, y compris avec les Russes, s'est faite via le centre des opérations aériennes de la coalition conduite par les États-Unis.

Selon une source militaire française, les chasseurs basés sur le Charles-de-Gaulle - Rafale et Super Etendard - contournent les défenses antiaériennes syriennes en passant par la Turquie au nord ou la Jordanie au sud.

«Ils passent quasiment par le trajet le plus direct, c'est l'avantage d'être au large de la Syrie (...) Nous allons profiter de cette position stratégique pour, croyez moi, leur faire mal, à Daech», a martelé le général de Villiers.

En Syrie, trois raids français d'envergure, opérés depuis les Emirats et la Jordanie, avaient déjà ciblé des centres d'entraînement et de commandement de l'EI après les attentats.

La coalition a par ailleurs commencé à frapper des sites pétroliers et gaziers qui fournissent d'importantes sources de financement à l'EI en Syrie.

Le président russe Vladimir Poutine a aussi ordonné aux chasseurs-bombardiers russes d'intensifier les frappes contre l'EI, après les attentats de Paris.

Le président Hollande espère convaincre les Américains de s'engager plus intensivement encore en Syrie et les Russes de cesser de frapper l'opposition syrienne modérée pour se concentrer sur l'EI.

PHOTO AFP