Le sénateur républicain Rand Paul, candidat aux primaires présidentielles de son parti, a appelé mercredi à une suspension du programme d'exemption de visas pour les touristes de certains pays, en particulier français, dans la foulée des attentats de Paris.

«Ce qui m'inquiète, c'est que des citoyens français qui nourrissent une grande hostilité envers la civilisation, votre gouvernement et la paix, puissent nourrir la même hostilité envers nous et monter dans un avion pour venir ici», a dit Rand Paul mercredi à l'AFP.

Il a déposé lundi une proposition de loi qui imposerait une période d'attente de 30 jours pour tous les voyageurs à destination des États-Unis, afin que les autorités américaines mènent des vérifications d'antécédents. Son entourage n'a pas précisé à partir de quand la période d'attente commencerait.

Mais les ressortissants de 38 pays, dont 23 dans l'Union européenne, qui n'ont aujourd'hui pas besoin de visa pour des séjours touristiques aux États-Unis seraient bien concernés par sa réforme.

Si ces touristes ou voyageurs d'affaires se rendent souvent aux États-Unis, Rand Paul explique qu'ils pourraient déposer un dossier pour intégrer le programme de voyageurs fréquents «Global Entry», aujourd'hui réservé aux citoyens américains, aux résidents permanents (cartes vertes) et aux ressortissants de quelques pays, dont le Canada, le Mexique et les Pays-Bas.

La proposition de Rand Paul est l'une des réactions à la révélation que la plupart des auteurs des attentats de Paris étaient des ressortissants français.

Depuis quelques jours aux États-Unis, l'attention a surtout porté sur les réfugiés en provenance de Syrie, mais de plus en plus de parlementaires américains évoquent une modification du programme d'exemption de visas.

*** 

Questions à Rand Paul

Q : Comment votre proposition affecterait-elle les voyageurs européens?

RP : «Bien que la France soit une grande amie depuis longtemps, nous avons un problème avec les exemptions de visas. Ce qui m'inquiète, c'est que les citoyens français qui nourrissent une grande hostilité envers la civilisation, votre gouvernement et la paix, puissent nourrir la même hostilité envers nous, et monter dans un avion pour venir ici. Les ressortissants de pays qui ont une exemption de visas devront soit adhérer à Global Entry, soit attendre 30 jours. Si des Français viennent souvent ici pour affaires, ils pourraient intégrer Global Entry et devenir des voyageurs fréquents de confiance.

Q : Mais c'est une procédure lourde.

RP : Certes, mais il est grave que 300 personnes aient été attaquées, il faut donc agir. Moi-même je participe au programme de voyageurs fréquents aux États-Unis. Sinon, des Français qui haïssent la civilisation pourront prendre l'avion et venir nous attaquer (...) Comment, autrement, pourrons-nous déterminer qui sont ceux-là qui haïssent la civilisation?

Q : Vous voulez donc que les touristes ne puissent plus se contenter d'acheter un billet d'avion et qu'ils se soumettent à des vérifications d'antécédents?

RP : Absolument, absolument.

Q : Ne craignez-vous pas un impact sur le secteur américain du tourisme?

RP : J'ai le pressentiment qu'une certaine proportion de la population européenne, malheureusement, est déterminée à faire du mal aux gens (...). Or la plupart ne sont pas fichés sur les listes d'interdiction de vol, car leur premier crime sera de faire exploser un avion. Donc ce n'est pas déraisonnable. Nous le faisons tout le temps dans notre pays, nous avons un programme de voyageurs fréquents, Global Entry devrait être élargi. Passer quelques obstacles, faire un entretien et expliquer qui vous êtes, ça ne me semble pas déraisonnable.

Il faut des règles. Car ça ne va pas disparaître, les choses empirent, elles ne s'améliorent pas et le problème ne va pas disparaître. Il faut qu'on trouve un moyen de nous défendre contre ces fous».

L'entretien a été édité dans un but de concision et de clarté.