Le nouveau bilan des attentats de Paris est maintenant de 129 victimes et 352 blessés dont 99 en état d'urgence absolue, a confirmé le procureur de Paris François Molins en début de soirée, samedi.

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Le groupe djihadiste État islamique a par ailleurs revendiqué samedi le carnage sans précédent perpétré à Paris, qualifié d'«acte de guerre» par le président François Hollande.

Le premier ministre Manuel Valls est allé un peu plus loin samedi soir en déclarant sur les ondes de TF1 en soirée : «Ce que je veux dire aux Français, c'est que nous sommes en guerre», avant d'annoncer que la France allait répliquer « coup pour coup ». M. Valls a également ajouté qu'il souhaitait «expulser tous ces imams radicalisés» en plus d'évoquer la possibilité de retirer la nationalité française à ceux qui «bafouent ce qu'est l'âme française».

Un peu plus tôt en soirée, le procureur Molins a confirmé plusieurs informations qui circulaient dans les médias depuis vendredi. Il a notamment indiqué que la série d'attaques de vendredi a été perpétrée par trois équipes de terroristes coordonnées. En tout, sept terroristes ont été retrouvés morts.

En tout, trois assaillants sont morts au Bataclan et trois autres au Stade de France. Une autre kamikaze s'est fait sauter boulevard Voltaire tout près de la place de la Nation. Selon L'Express, un homme s'est installé à la terrasse du bistrot Comptoir vers 21h40 et a passé sa commande avant de se faire sauter. Une quinzaine de personnes ont été blessées, mais seul le terroriste est mort.

Le corps d'un des assaillants au Bataclan a pu être identifié grâce à ses empreintes papillaires. L'individu, un Français né le 21 novembre 1985 dans le département de l'Essonne, en région parisienne, était sur l'écran radar des policiers depuis 2010 pour radicalisation.

Les autorités parisiennes n'ont toujours pas divulgué l'identité des autres auteurs. 

Le procureur Molins a confirmé que l'une des voitures utilisées vendredi soir par les terroristes portait une plaque d'immatriculation belge et avait été louée par un Français. Cette voiture a été retrouvée tout près de salle du Bataclan.

«Machine à tuer»

Selon Célia, une femme témoin de l'attaque au Bataclan citée dans Le Figaro, l'un des tueurs a dit: «Vous avez tué nos frères en Syrie, nous sommes là maintenant», tout en tirant sur la foule. Ils étaient pros: ils chargeaient et rechargeaient leurs fusils. C'était une fusillade non-stop.»

D'autres médias relatent les témoignages de témoins qui parlent d'assaillants «très jeunes». 

Des premiers témoignages de survivants avaient fait état d'assaillants ayant crié « Allah Akbar» ou ayant évoqué l'intervention de la France en Syrie.

« C'était pas des personnes qui ont découvert hier le maniement des armes de guerre. C'était des hommes extrêmement déterminés, qui rechargeaient méthodiquement leurs fusils d'assaut. Sans états d'âme », a raconté Julien Pearce, un journaliste de la radio Europe 1, qui se trouvait au Bataclan et a décrit un des assaillants comme «une machine à tuer», qui «abattait méthodiquement les gens à terre».

Selon un autre témoin cité par Le Figaro, les terroristes abattaient à l'aveugle les gens. Ils ont d'abord tiré des rafales puis ont abattu des personnes à bout portant. Toujours selon ce témoin nommé Cédric, les tireurs se donnaient des consignes pour tuer un maximum de gens.

Selon le Wall Street Journal, un des kamikazes du Stade de France avait un billet pour le match France-Allemagne. Des agents de sécurité ont toutefois découvert sa ceinture d'explosifs lors des fouilles à l'entrée. En tentant d'échapper aux agents, le kamikaze s'est fait exploser.

Au Bataclan, l'assaut des forces de l'ordre a été décidé « très vite parce qu'ils tuaient tout le monde », a confié une source proche de l'enquête.

« C'était sale dedans, une boucherie, des gens avec des balles dans la tête, des gens qui se sont fait tirer dessus alors qu'ils étaient à terre... », a témoigné un policier ayant participé à l'assaut.

PHOTO VÉRONIQUE BEAUDET, COLLABORATION SPÉCIALE

La mairesse de Paris est restée samedi 5 minutes devant le restaurant La Belle équipe pour se recueillir. 

Un passeport syrien découvert 

Le passeport syrien retrouvé par la police française près du corps d'un des auteurs des attaques de Paris appartenait à un migrant enregistré lors de son arrivée sur une île grecque en octobre, a affirmé samedi le ministre grec de la Protection publique Nikos Toskas.

«Le détenteur du passeport syrien est arrivé le 3 octobre par l'île grecque de Leros où il a été enregistré conformément aux règles de l'Union européenne», a assuré M. Toskas dans un communiqué. Les enquêteurs français n'ont pas déterminé à ce stade si ce passeport était bien celui de l'assaillant.

Des familles anéanties

Les familles et amis des victimes découvrent quant à elles l'ampleur du carnage. Le propriétaire de l'immeuble qui abrite La Belle équipe, M. Mohammed Taouil, une figure du quartier, a confirmé a notre collaboratrice sur le terrain que la patronne du café est décédée ainsi que 7 membres de sa famille. Son mari et patron n'étaient pas sur place hier.

Le magazine Les inrocks a confirmé que son journaliste Guillaume B. Decherf est mort au Bataclan.

On compte des ressortissants étrangers parmi les 129 victimes, dont deux Belges, deux Tunisiennes, deux Roumains, un Espagnol et une étudiante américaine. Ces informations ont toutes été confirmées par les autorités des pays d'où provenaient les victimes. L'ambassadeur du Canada en France Lawrence Cannon a précisé sur Twitter en début de journée qu'aucun Canadien ne trouvait parmi les victimes pour le moment.

L'ampleur de cette tragédie a semé l'effroi dans la capitale, à deux semaines de la conférence sur le climat de l'ONU à Paris (COP21), où sont attendus une centaine de dirigeants étrangers.

La justice a ouvert une enquête pour assassinats en relation avec une entreprise terroriste sur ces attaques, les plus meurtrières en Europe depuis les attentats islamistes de Madrid en mars 2004.

« La priorité, c'est d'identifier les corps, notamment ceux des terroristes, qui ont été pour la plupart pulvérisés lorsqu'ils se sont fait sauter », a expliqué une source policière à l'AFP.

La police a lancé samedi un appel à témoins auprès de la population pour « signaler toute information en relation avec les attentats de la nuit ».

La Gendarmerie nationale a annoncé des contrôles renforcés aux frontières. «Limitez vos déplacements, ne circulez pas sans vos papiers» demande-t-on aux voyageurs.

Sur les réseaux sociaux, les gens continuent de lancer des avis de recherches d'un proche dont ils n'ont toujours pas de nouvelles. Dans la Ville lumière, c'est toujours l'état d'urgence. La tour Eiffel, l'une des principales attractions touristiques de Paris, est fermée jusqu'à nouvel ordre, indique l'AFP.

Les cinémas parisiens fermeraient également leurs portes. Le président Francois Hollande a décrété ce matin trois jours de deuil national. Les écoles ouvriront malgré tout lundi à Paris, a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Une minute de silence sera observée dans tout le pays lundi à midi.

«Acte de guerre»

Peu avant la revendication, le président français avait accusé l'organisation d'être derrière la série d'attaques. «Ce qui s'est produit hier, c'est un acte de guerre [...] un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, contre la France, contre les valeurs que nous défendons, contre ce que nous sommes », a déclaré François Hollande dans une allocution solennelle à l'issue d'un Conseil de défense à l'Élysée.

Daech est l'acronyme arabe du groupe EI, qui opère en Irak et en Syrie, et qui compte dans ses rangs des milliers d'étrangers, dont des centaines de Français. Paris, membre de la coalition internationale anti-EI, mène des frappes aériennes dans les deux pays.

Cet acte «a été préparé, organisé, planifié de l'extérieur, avec des complicités intérieures», a accusé M. Hollande, qui a promis que la France serait «impitoyable», précisant qu'il s'adresserait lundi au Parlement réuni en Congrès à Versailles, près de Paris, pour marquer la gravité de l'événement.

Ces attentats interviennent dix mois après les attaques djihadistes contre des journalistes de Charlie Hebdo, des juifs et des policiers, qui avaient déjà provoqué un choc en France et un élan massif de solidarité dans le monde.

État d'urgence 

L'état d'urgence, une mesure rarissime permettant notamment des restrictions importantes de circulation et des perquisitions, a été décrété par le président Hollande sur tout le territoire.

Dans la région parisienne, les établissements scolaires et universitaires ont été fermés samedi et les compétitions sportives suspendues ce week-end. Des grands magasins ont aussi fermé.

L'Élysée a annoncé la mobilisation de 1500 militaires supplémentaires et le renforcement des contrôles aux frontières. Un nouveau conseil des ministres devait se réunir samedi après-midi.

Dans un mouvement d'unité nationale, les principaux partis ont annoncé la suspension de leur campagne en vue d'élections régionales prévues en décembre. Le chef de l'opposition de droite, Nicolas Sarkozy, a toutefois réclamé des « inflexions majeures » en matière de sécurité.

Les réactions de condamnation, unanimes des États-Unis à la Russie, ont afflué du monde entier, où de nombreux monuments se sont parés de lumineuses couleurs bleu-blanc-rouge en signe de solidarité.

Le président iranien Hassan Rohani a reporté un voyage prévu lundi en France, tandis que la Belgique demandait à ses ressortissants d'éviter de se rendre à Paris.

- Avec l'Agence France-Presse