Après un périple laborieux à travers l'ouest des Balkans, des migrants soulagés sont arrivés par milliers dimanche en Autriche, pendant que d'autres perdaient la vie dès le début du voyage en tentant de franchir la Méditerranée.

Les chefs de la diplomatie du groupe de Visegrad (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie) vont rencontrer lundi à Prague leur homologue luxembourgeois Jean Asselborn, dont le pays préside actuellement l'Union européenne, pour parler de cette crise migratoire, la plus grande à laquelle est confrontée l'Europe depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.

Les ministres roumain et letton des Affaires étrangères participeront également à cette réunion.

Et mardi les ministres de l'Intérieur de l'UE doivent se retrouver, à la veille d'un sommet à Bruxelles pour tenter de surmonter leurs divisions, alors que ne tarit pas le flux de migrants se lançant dans une odyssée éprouvante, de la Turquie vers le nord et l'ouest de l'Europe.

Le président français François Hollande a de son côté souhaité que la question «extrêmement délicate de la répartition des migrants» soit réglée avant ce sommet.

La répartition des «réfugiés relevant du droit d'asile» doit être faite entre «tous les pays européens, aucun ne peut s'exonérer ou alors nous n'appartenons plus au même ensemble fondé sur des valeurs et des principes», a-t-il ajouté.

Le secrétaire américain John Kerry a pour sa part souligné, à Berlin, que le règlement de la crise migratoire dépendait largement de la poursuite ou non de la guerre en Syrie, dont la population, poussée «par un sentiment de désespoir» n'a d'autre choix que celui de se résoudre à l'exil.

Les États-Unis comptent accueillir l'année prochaine 85 000 réfugiés, dont 10 000 Syriens, puis 100 000 en 2017, a-t-il en outre annoncé.

Soulagement 

A Nickelsdorf, petite commune autrichienne à la frontière avec la Hongrie, environ 7000 nouveaux venus ont attendu patiemment dimanche de monter dans un train ou un car afin d'être conduits dans des centres d'accueil pour la nuit. D'autres ont poursuivi leur voyage en taxi.

«Tout le monde le sait: une fois que tu es arrivé en Autriche, tu es arrivé», confie Saeed, un jeune Syrien, à l'AFP.

«Difficile de dire combien d'autres vont arriver aujourd'hui, mais sans doute des milliers», reconnaît Gerald Pangl, porte-parole de la police de l'État régional du Burgenland.

La veille, quelque 11 000 migrants, principalement des réfugiés syriens, afghans et irakiens fuyant les conflits, étaient arrivés en Autriche par les frontières hongroise et slovène.

Après plusieurs jours de coupure avec la Serbie, la Hongrie a rouvert dimanche le poste-frontière serbo-hongrois de Röszke-1, à quelques kilomètres du lieu d'affrontements entre policiers hongrois et migrants mercredi.

Malgré les propos fermes, les kilomètres de barbelés annoncés à ses frontières et après ces heurts vivement critiqués dans le monde, Budapest a commencé, sans mot dire, à transporter des milliers de migrants jusqu'à proximité de la frontière autrichienne.

Le nombre de ceux arrivant de Serbie en Croatie restait important. Zagreb a comptabilisé 21 000 entrées depuis mercredi et ce n'est pas fini, selon le ministère de l'Intérieur.

La plupart passent par le poste-frontière de Tovarnik d'où ils sont ensuite transportés, principalement vers la frontière hongroise, à Beremend et à Letenye.

La télévision publique croate HRT a fait état d'un convoi de véhicules militaires roulant en direction du poste-frontière de Beremend.

Des forces de sécurité hongroises sont également arrivées sur place avec des barbelés et des poteaux, dans le but apparent d'installer une barrière similaire à celle érigée à la frontière avec la Serbie, ce qui pourrait ralentir la poussée des migrants à cet endroit.

La Hongrie avait annoncé avoir terminé la pose une clôture de barbelés sur une partie de sa frontière avec la Croatie avant de reconnaitre par la suite qu'il restait des travaux à faire à certains endroits.

Nouveau drame en mer

Des centaines de personnes attendaient aussi d'entrer de Croatie en Slovénie, à plusieurs postes-frontières.

A Bregana, la priorité à été donnée aux familles, mais des bousculades ont eu lieu. Dans la soirée, une trentaine de migrants se sont assis sur la chaussée pour bloquer le trafic à ce poste-frontière, selon la chaîne HRT. «Ouvrez les frontières», ont-ils crié à la soixantaine de policiers slovènes qui leur faisaient face, accompagnés de chiens.

De Grèce, plus de 2000 candidats à l'exil sont entrés depuis la nuit de samedi à dimanche en Macédoine d'où ils vont poursuivre leur route à travers les Balkans de l'ouest.

Au moins treize personnes, dont six enfants, sont mortes au large des côtes turques après la collision d'un ferry et de leur canot pneumatique en pleine nuit. Vingt-deux personnes ont pu être sauvées mais huit enfants de moins de douze ans font partie des disparus. Le groupe avait payé mille euros par tête à un passeur turc.

Ils ont eu plus de chance en Libye, où 215 migrants, dont 50 femmes et un nourrisson, ont été secourus par les gardes-côtes, ainsi qu'en Italie où 610 personnes en tout ont été prises en charge au cours de plusieurs opérations de sauvetage en mer.

Les risques de naufrage en Méditerranée avaient poussé quelque 2000 migrants à tenter de gagner la Grèce par la frontière terrestre avec la Turquie autour d'Edirne (nord-ouest) mais ils ont commencé à se disperser dimanche.