Pour la seconde fois en deux semaines, des milliers de manifestants, dont certains sont âgés d'à peine 15 ans, ont déversé leur colère dans les rues de plusieurs villes britanniques.

Vitres commerciales cassées, camion de police saccagé, échauffourées: une manifestation contre de prochaines hausses vertigineuses des droits d'université a tourné à l'émeute dans le centre-ville de Londres, mercredi.

Plus de 20 000 étudiants ont manifesté, essentiellement dans le calme, dans toute l'Angleterre. Douze universités ont été occupées, notamment à Oxford et Cambridge.

Cependant, la marche de Londres a viré au chaos lorsque 2000 jeunes, certains en uniforme scolaire, ont été encerclés et immobilisés par des centaines de policiers près du parlement en après-midi.

Gonflés à bloc, ils s'en sont pris à un camion antiémeute, brisant les vitres et incendiant les sièges.

Néanmoins, la majorité de la foule est restée prisonnière du cordon policier dans un froid glacial jusqu'en fin de soirée. «Cela fait six heures que je suis ici, dit Sam Collins, 16 ans, à La Presse. Je suis frigorifié et j'ai faim. Les agents nous entassent dans un espace toujours plus restreint.» Autour de lui, des gens scandaient: «Laissez-nous partir!».

Comme une dizaine d'autres protestataires, Jade Ismail a été évacuée par un policier lorsqu'elle s'est évanouie. «Toute cette fumée m'a fait tourner la tête», dit-elle, en référence à des feux allumés à l'aide de pancartes.

Une vingtaine de personnes, dont deux policiers, ont été blessées. La police signalait 32 arrestations en fin de soirée.

Les forces de l'ordre avaient de bonnes raisons d'être sur les dents. Elles avaient été rapidement débordées le 10 novembre dernier lors d'une première marche. Environ 200 casseurs avaient assailli les bureaux du Parti conservateur, brisant murs et vitres au passage.

Bob Fossil, 16 ans, y était. Mercredi, il espérait répéter le même coup. «Mes années à l'université coûteront 51 000 dollars de plus», explique le garçon masqué par un passe-montagne.

Des parents ont accompagné leurs enfants en début d'après-midi. Irene Dykes prévoit que sa fille sera endettée de 96 000 dollars à la fin de son baccalauréat quand les droits seront triplés dans certaines universités.

«Elle commencera sa vie d'adulte avec ce terrible boulet», dit-elle.

Le ministre de l'Éducation, Michael Gove, a averti qu'il ne plierait pas l'échine. Il a imploré les médias de priver les émeutiers de «l'oxygène de la publicité», une formule inventée par Margaret Thatcher en 1985.

En fin de soirée, des parents inquiets se sont déplacés pour convaincre les policiers de libérer leurs enfants.

Les manifestants ont été relâchés par petits groupes jusqu'à minuit environ.

Sam Collins et ses amis ne s'avouent pas vaincus. «La façon dont on s'est moqué de nous m'enrage. À la prochaine manifestation, je m'habillerai plus chaudement», dit le garçon de 16 ans.