Les États-Unis espèrent terminer rapidement les discussions avec Séoul sur l'implantation du système anti-missiles THAAD en Corée du Sud, a indiqué vendredi le Pentagone après les nouveaux tirs de missiles balistiques par la Corée du Nord cette semaine.

«Nous aimerions que ces conversations, et je pense que c'est la même chose pour les Coréens du sud, soient achevées de la manière la plus efficace (...) possible», a déclaré le porte-parole du Pentagone Peter Cook dans un point presse.

La Corée du Nord a procédé cette semaine à deux tirs d'essai d'un nouveau missile balistique à moyenne portée Musudan, après quatre tirs infructueux ces derniers mois.

La Corée du Sud a longtemps traîné les pieds pour l'implantation du système THAAD sur son territoire, en raison notamment de l'opposition de la Chine qui y voit une menace pour sa propre dissuasion nucléaire.

Pékin estime en effet que le radar très puissant de THAAD pourrait servir à surveiller ses propres tirs de missile.

Mais Séoul a fini par accepter en février d'ouvrir des pourparlers avec les États-Unis, après l'annonce par Pyongyang d'un tir de fusée considéré comme un test déguisé de missile balistique à longue portée.

«Ces conversations continuent. Il y a des détails logistiques qui restent à régler, mais ces conversations ont bien progressé», a déclaré vendredi le porte-parole du Pentagone.

Les deux tirs de missiles nord-coréens cette semaine ont été condamnés par une résolution des Nations-Unies que même la Chine, alliée traditionnelle de Pyongyang, a approuvé.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s'est félicité de ce que le nouveau missile permette de menacer des bases militaires américaines dans le Pacifique.

Le système THAAD tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques alors qu'ils sont encore juste à l'extérieur de l'atmosphère ou bien qu'ils viennent d'y entrer, durant leur dernière phase de vol.

Une batterie THAAD est d'ores et déjà disposée sur l'île américaine de Guam, dans le Pacifique. Et le Japon envisage aussi la possibilité de se doter de ce système.

Vendredi matin, de hauts responsables du Pentagone ont tenu une vidéoconférence avec leurs homologues japonais et sud-coréens pour «partager des informations» sur les deux tirs, a indiqué par ailleurs Peter Cook.

Pyongyang rejette une condamnation du Conseil de sécurité

La Corée du Nord a rejeté vendredi la condamnation par le Conseil de sécurité des Nations unies de ses nouveaux essais de missiles et accusé les États-Unis de conduire la péninsule coréenne vers une «phase extrême incontrôlable».

Jeudi, le Conseil de sécurité a dans une déclaration unanime estimé que les deux essais d'un nouveau missile effectués mercredi par la Corée du Nord constituaient «une grave violation» des résolutions de l'ONU, qui interdisent à Pyongyang toute activité balistique ou nucléaire.

Les quinze pays membres du Conseil de sécurité ont appelé les États de l'ONU à «redoubler d'efforts pour appliquer pleinement» les sanctions déjà imposées à Pyongyang.

Dans un communiqué rendu public par l'agence officielle KCNA, Pyongyang a rejeté cette condamnation, y voyant «un produit de l'arbitraire violant la souveraineté d'un État indépendant».

Dans ce communiqué, un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a accusé le Conseil de sécurité de présenter «le noir comme étant du blanc».

Lors du Congrès du parti au pouvoir en mai, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait prévenu que la Corée du Nord poursuivrait son programme de développement d'armes nucléaires en dépit des sanctions de l'ONU et de la condamnation quasi-unanime dans le monde de ses essais de nouveaux missiles.

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a également accusé les États-Unis d'attiser les tensions entre la Corée du Nord et la Corée du Sud en envoyant des armes à Séoul.

Il s'agit «d'une erreur stratégique persistante ... qui conduit la situation sur la péninsule nord-coréenne vers une phase extrême incontrôlable», a estimé le porte-parole.