La Corée du Nord est prête à faire face à toute menace des États-Unis, a affirmé samedi son numéro un, Kim Jong-Un, en présidant une parade qui pourrait être l'une des plus imposantes démonstrations de force de l'histoire du pays.

Les autorités ont profité de l'occasion pour présenter des rangées de missiles balistiques à longue portée dotés, selon elles, de têtes nucléaires miniaturisées. De quoi, selon la télévision d'État, détruire les ennemis dans une «mer de feu».

Vague après vague, des milliers de soldats marchant au pas de l'oie ont défilé sur la place Kim Il-Sung à Pyongyang, suivis par des colonnes de chars, de véhicules blindés et de missiles, à l'occasion du 70e anniversaire du parti unique.

Portant son traditionnel costume sombre à col Mao, le dirigeant nord-coréen a prononcé un discours au ton plus belliqueux que lors de ses précédentes apparitions en public, affirmant que son pays était prêt à faire face à toute menace des États-Unis.

«Aujourd'hui, notre parti proclame avec détermination que nos forces armées révolutionnaires sont capables de faire face à toute guerre provoquée par les États-Unis, et nous sommes prêts à protéger notre peuple et le ciel bleu de notre patrie», a lancé le dirigeant nord-coréen.

Les avis divergeaient parmi les experts interrogés par l'AFP à Séoul sur la véracité des allégations de la télévision coréenne quant aux missiles intercontinentaux KN-38.

Pour Lee Il-Woo, spécialiste des questions de défense à Séoul pour le Réseau Défense Corée, les missiles avaient un aspect quelque peu différent de la version présentée en 2012. «Ceci signifie que la Corée du Nord pourrait avoir réussi développer une technologie pour miniaturiser les têtes nucléaires et les placer sur les missiles», a-t-il déclaré.

Maquettes?

Mais pour Chae Yeon-Seok, de l'Institut de recherche aérospatial de Corée, les missiles présentés ne sont peut-être que des maquettes. «On ne sait jamais ce qu'il y a à l'intérieur».

Le défilé a été organisé en hommage au parti unique d'inspiration marxiste-léniniste, qui règne au bon plaisir de trois générations de Kim, considéré comme la seule dynastie communiste de l'histoire dans ce pays, l'un des plus hermétiques au monde.

«Le Parti des travailleurs de Corée est un parti invincible qui forme un tout avec le peuple», a ajouté le leader nord-coréen dans un discours de trente minutes, ponctué d'applaudissements de dizaines de milliers de personnes qui brandissaient des drapeaux.

Les immeubles entourant la place étaient ornés des drapeaux du parti communiste -- faucille et marteau sur fond rouge -- et du drapeau bleu, blanc rouge de la Corée du Nord.

Signe de l'isolement du pays, le seul dignitaire étranger présent aux festivités était Liu Yunshan, membre de haut niveau de la direction chinoise.

Main dans la main avec Pékin

Mais Kim Jong-Un a saisi l'occasion pour souligner l'alliance traditionnelle avec la Chine. Il a salué la foule à la fin de la cérémonie avec le représentant chinois, dont il a alors saisi la main.

La Chine demeure le principal allié de la Corée du Nord, mais les relations bilatérales se sont tendues, Pékin s'agaçant des provocations de Pyongyang et de son refus d'entendre ses appels à la retenue, en particulier sur son programme nucléaire.

Alors que la nuit tombait après la fin de la parade, des feux d'artifice tirés depuis la rive du Taedong ont illuminé le ciel.

Sur la place, la foule a brandi ses cartons de couleur pour former d'immenses images des drapeaux du parti, en scandant le nom de Kim Jong-Un.

Le numéro un nord-coréen avait rendu hommage à sa lignée en se rendant vendredi à minuit au palais du Soleil Kumsusan, transformé en mausolée pour son père et son grand-père Kim Il-Sung, fondateur de la Corée du Nord.

Les festivités annoncées dès février semblent parmi les plus fastueuses depuis que Kim Jong-Un a pris les rênes du pouvoir à la suite du décès de son père Kim Jong-Il en 2011.

Dans la capitale, les rues avaient été décorées d'affiches géantes, de bannières rouges et de drapeaux, certaines arborant les chiffres 10/10, représentant le 10 octobre, la «date de naissance» du Parti des travailleurs.

Selon les chercheurs de l'Institut américano-coréen de l'Université John Hopkins (États-Unis), les images satellites sur les préparatifs du défilé ont montré qu'il s'agit sans doute d'une des plus grandes parades de l'histoire nord-coréenne.

Pyongyang a mené trois essais nucléaires, en octobre 2006, mai 2009 et février 2013, et menacé d'en conduire un quatrième dans le cadre d'un programme d'armes nucléaires et de missiles que le pays a poursuivi malgré des sanctions internationales.

Une étude publiée par l'Institute for Science and International Security, basé aux États-Unis, a estimé que la Corée du Nord disposait de 10 à 16 armes nucléaires fin 2014.

Photo Wong Maye-E, AP

Kim Jong-Un

Photo Wong Maye-E, AP