Le Pakistan a lancé lundi une nouvelle campagne de vaccination contre la polio dans ses zones tribales, dont 370 000 enfants ne pourront bénéficier, en raison des violences dans ce fief taliban devenu le principal foyer de cette maladie.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait déclaré début mai un état «d'urgence de santé publique» mondiale en raison de la propagation de la polio dans différents pays à partir de la Syrie, du Cameroun et du Pakistan.

De ces trois pays, le Pakistan est de loin le plus touché par cette maladie infectieuse qui entraîne la paralysie, avec 80 % des cas diagnostiqués à travers le monde depuis le début de l'année.

Au Pakistan, les cas de polio se concentrent dans certains quartiers de Karachi (sud) et surtout dans les zones tribales du nord-ouest, près de la frontière afghane, tous peuplés par l'ethnie pachtoune.

Le gouvernement, qui, à l'appel de l'OMS, avait récemment rendu obligatoire la vaccination pour quitter le pays, a annoncé lundi une nouvelle offensive afin de vacciner plus de 620 000 enfants dans quatre des sept zones tribales du nord-ouest.

Mais dans trois autres secteurs, les enfants ne pourront être vaccinés «en raison de la présence des insurgés et de l'opposition à la vaccination», a indiqué un haut responsable sous couvert de l'anonymat.

«Quelque 369 039 enfants ne pourront être vaccinés contre la polio dans ces zones en raison de la situation sécuritaire sur le terrain», a-t-il ajouté.

Les équipes de vaccination ne pourront se rendre au Waziristan du Nord et du Sud, théâtre respectivement d'affrontements entre l'armée et les insurgés et de combats entre factions talibanes rivales, et dans le secteur de Mohmand, ont précisé de nombreux responsables interrogés par l'AFP.

Au mois 56 personnes ont été tuées dans des attaques antipolio depuis décembre 2012 au Pakistan, principalement dans le nord-ouest et à Karachi.

À ces violences, s'ajoute l'hostilité de communautés qui soupçonnent le vaccin de contenir du porc ou de causer l'infertilité, et les vaccinateurs d'être des espions à la solde de l'Occident.