Une photographe de 23 ans qui faisait un reportage dans un quartier d'affaires de Bombay a été victime d'un viol collectif jeudi soir.

L'affaire a choqué toute l'Inde, qui se remet péniblement de plusieurs évènements tragiques similaires survenus dans les derniers mois. Face à la grogne populaire, le Parlement indien avait déjà adopté un projet de loi renforçant les sanctions contre le viol. Mais l'Inde est un pays complexe et en pleine ébullition.

Suspects

La jeune femme de 23 ans était en reportage dans le quartier d'affaires Lower Parel de Bombay au moment où elle a été agressée par plusieurs personnes. Elle était accompagnée d'un collègue, qui aurait été attaché et battu pendant qu'on la violait. La police a arrêté l'un des suspects, qui a dénoncé ses quatre complices. Des portraits des suspects ont été publiés par la police pour les retrouver. La victime a été admise dans un hôpital de Bombay. Sa vie ne serait pas en danger.

Colère

Trois affaires de viol ont particulièrement choqué l'Inde au cours des derniers mois. En avril, une fillette de 5 ans a été agressée par deux jeunes hommes qui l'ont enlevée et séquestrée pendant deux jours. En mars, cinq jeunes hommes ont reconnu avoir participé au viol collectif d'une touriste suisse qui parcourait le pays en vélo en compagnie de son mari. Quelques mois plus tôt, le viol collectif d'une étudiante qui a succombé à ses blessures avait provoqué la colère de milliers d'Indiens qui étaient sortis dans la rue pour manifester.

Police

Sous la pression populaire, le Parlement indien a adopté en mars dernier une loi plus sévère contre les crimes sexuels. Le geste était symbolique, mais il faudra plus pour changer les mentalités, croit Mira Kamdar, chercheuse principale au World Policy Institute. «Le problème en Inde, c'est que le système de justice est dysfonctionnel. Les agresseurs savent qu'il y a très peu de risque de se faire interpeller par la police pour un viol.» Selon Mme Kamdar, la solution passe aussi par l'éducation, mais cela prendra du temps.

Avortements

Le géant indien vacille après le boom économique des dernières années. L'Inde ne va pas si bien, signale Mira Kamdar. «C'est une société en mouvement très rapide avec des fractures sociales très importantes entre les riches et les pauvres, entre les différentes castes et entre les hommes et les femmes.» Ajoutez à cela la pratique des avortements sélectifs qui fait en sorte qu'il y a moins de femmes que d'hommes et vous avez la recette pour créer des frustrations, particulièrement chez les jeunes hommes de 16 à 25 ans. «Beaucoup de jeunes hommes se retrouvent marginalisés, sans possibilité de trouver une petite amie», dit Mme Kamdar.