La Chine a mené à bien lundi dans l'espace son premier rendez-vous spatial avec des astronautes à bord, en mode automatique. Pour la première fois également, trois de ses astronautes se sont déplacés à bord d'un module préfigurant une future station spatiale chinoise.

Le vaisseau Shenzhou («Vaisseau divin») IX, qui avait décollé samedi de la base de Jiuquan dans le désert de Gobi avec deux hommes et une femme à son bord, s'est amarré en matinée au module Tiangong-1 («Palais céleste»).

Environ trois heures plus tard, le chef d'équipage Jing Haipeng a ouvert la porte du module spatial et y a pénétré en compagnie de Liu Wang, tandis que Liu Yang, première femme envoyée par la Chine dans l'espace, les rejoignait environ un quart d'heure plus tard.

Les trois astronautes, qui ont effectué des manipulations en apesanteur sur des instruments installés à bord du module spatial, ont interrompu leur travail pour poser devant les caméras tandis qu'ils étaient applaudis par le centre de contrôle au sol.

Il y a un peu plus de sept mois, la Chine avait réussi son premier «baiser» spatial» entre le vaisseau inhabité Shenzhou VIII et Tiangong-1, lancé le 29 septembre dernier.

La principale tâche de l'équipage de Shenzhou IX au cours de cette mission d'une durée de 13 jours sera de réaliser un amarrage manuel, une autre première pour la Chine.

Selon des informations de presse, Shenzhou IX et Tiangong-1 devraient rester unis pendant six jours avant de se séparer pour préparer ensuite cet amarrage réalisé par l'équipage. Un savoir-faire qui peut s'avérer nécessaire en cas de défaillance des systèmes automatiques.

L'équipage a répété 1.500 fois au sol la manoeuvre, très délicate alors que les deux vaisseaux tournent autour de la Terre à environ 28.000 km/h et risquent de se détruire mutuellement en cas de collision.

La maîtrise des rendez-vous spatiaux en orbite autour de la Terre est une étape cruciale dans la conquête de l'espace, franchie par les Russes et les Américains dans les années 1960.

En tant que première Chinoise envoyée dans l'espace, Liu Yang, une pilote de chasse de 33 ans avec 1.680 heures de vol à son actif et formée depuis 2010 pour devenir taïkonaute, est depuis samedi une héroïne en son pays.

Elle va conduire des expériences scientifiques dans le domaine médical et d'autres essais durant cette mission.

Le chef de la mission, Jing Haipeng, est un astronaute expérimenté puisqu'il effectue son troisième vol spatial à bord de Shenzhou IX tandis que Liu Wang, qui participe au programme de vol habité depuis 14 ans, sera en charge des manoeuvres d'amarrage manuel.

Les lancements spatiaux chinois sont fortement imprégnés de nationalisme, en particulier ceux qui s'inscrivent dans le programme de vol habité, la Chine étant devenue en 2003 le troisième pays du monde à envoyer des hommes dans l'espace par ses propres moyens, après l'Union soviétique et les Etats-Unis.

Le président Hu Jintao a dès samedi félicité les responsables de Shenzhou IX, en estimant que la maîtrise des arrimages dans l'espace était «cruciale» pour disposer à terme d'une station orbitale sur le modèle de la Station spatiale internationale (ISS), dont Pékin est absent.

Le programme de vol habité chinois vise à doter d'ici une décennie la Chine d'une station orbitale dans laquelle un équipage peut vivre en autonomie durant plusieurs mois, sur le modèle de l'ancienne station russe Mir ou de l'ISS.

La Chine est parallèlement engagée dans une course vers la Lune, où elle rêve d'être le premier pays asiatique à poser le pied. Dans le cadre de ce programme nommé «Chang'e», elle a déjà lancé avec succès deux sondes lunaires, en 2007 et 2010.

Dans son dernier Livre blanc sur l'espace, le gouvernement réaffirme enfin sa volonté d'être aussi présent dans d'autres domaines : lanceurs, exploration de l'espace lointain, navigation par satellite et cartographie.