Les autorités philippines ont annoncé dimanche la découverte d'une troisième cache d'armes et l'interpellation de 62 personnes dans la province de Maguindanao (sud) où la loi martiale a été décrétée, deux semaines après le massacre de 57 civils.

Au total, 62 suspects ont été arrêtés durant le week-end, dont 15 dans un ranch appartenant au clan mis en cause, où un important arsenal a été découvert, a indiqué la police.

Une quarantaine d'armes, dont des fusils d'assaut M-16, ont été découvertes sur une propriété du gouverneur de Maguindanao, Andal Ampatuan Sr, arrêté samedi pour son implication présumée dans le massacre du 23 novembre, selon le lieutenant-colonel Michael Samson, un porte-parole militaire.

La police scientifique a été chargée de déterminer si ces armes ont été utilisées lors de la tuerie, a-t-il ajouté.

Samedi, les forces de sécurité avaient découvert 340.000 cartouches, plusieurs fusils d'assaut et un véhicule blindé de fabrication artisanale dans un entrepôt appartenant à la famille Ampatuan, dont quatre membres ont déjà été arrêtés en lien avec le massacre de 57 civils, dont de nombreux journalistes.

Le gouvernement philippin a également annoncé dimanche que les chefs du clan allaient être inculpés de rébellion. Les responsables du clan Ampatuan, arrêtés samedi, devraient également être rapidement inculpés pour meurtres.

«Ils ont usurpé dans la région le pouvoir du gouvernement», a déclaré la ministre de la Justice, Agnes Devanadera, sur la radio DZBB.

Andal Ampatuan Jr, l'un des fils du gouverneur, a déjà été inculpé de 25 meurtres.

Jeudi, l'armée avait déjà mis au jour une cache d'armes, parmi lesquelles trois armes anti-char, cinq mortiers, des mitrailleuses et une centaine de boîtes de munitions, enterrés dans une parcelle inoccupée proche du domicile d'Ampatuan.

Samedi, 32 personnes, dont vingt hommes de main d'Ampatuan, ont été arrêtées.

Le gouvernement a expliqué avoir imposé la loi martiale dans la province en raison de la menace de rébellion que faisait planer la milice à la solde du clan Ampatuan.

C'est la première fois que la loi martiale est instaurée aux Philippines depuis la dictature de Ferdinand Marcos. Le pays entier avait alors été placé sous loi martiale entre 1972 et 1981.

Le Parlement philippin décidera mardi du maintien ou de la levée de la loi martiale, a annoncé dimanche le président du Sénat, Juan Ponce Enrile.

La loi martiale, qui peut être imposée au maximum durant deux mois, sera levée dès que possible, a assuré samedi le porte-parole de la présidence.

L'opposition a jugé son instauration injustifiée, craignant qu'elle puisse être décrétée dans d'autres régions, à l'approche de l'élection présidentielle de mai 2010.

La tuerie du 23 novembre serait liée à des rivalités entre le clan Ampatuan et un clan adverse pour le contrôle politique de la province où des élections sont prévues en 2010.