Près de 110 millions d'Indiens étaient appelés aux urnes mercredi pour la cinquième et dernière phase des élections législatives, un marathon entamé il y a un mois devant déboucher sur une fragile coalition gouvernementale qui pourrait ne pas tenir cinq ans.

Les bureaux de vote doivent fermer à 17H00 (11H30 GMT) dans sept Etats et deux territoires aux quatre coins de l'Inde. Des premiers sondages à la sortie des urnes sont attendus dans la soirée, avant les résultats officiels annoncés samedi par la Commission électorale.

Au total, le «plus grand exercice démocratique au monde» démarré le 16 avril aura vu quelque 60% des 714 millions d'Indiens désigner 543 députés de l'Assemblée du peuple représentant 35 Etats et territoires de l'Union indienne.

La bataille se joue entre le Parti du Congrès du Premier ministre Manmohan Singh, 76 ans, et l'opposition de la droite nationaliste hindoue du Parti du peuple indien (BJP) de Lal Krishna Advani, 81 ans.

Mais pour diriger ce mastodonte de 1,17 milliard d'âmes --mosaïque d'ethnies, cultures et castes, aux 18 langues officielles et au paysage politique complètement éclaté-- il semble quasiment impossible que l'un des deux grands partis ne l'emporte seul, augurant d'âpres marchandages post-électoraux en vue de la formation d'une coalition.

Tout se «jouera au cours d'une "sixième phase" après samedi», pronostique Yogendra Yadav, du Centre pour l'étude des sociétés en développement à New Delhi.

Ainsi, la chef du gouvernement de l'Etat septentrional de l'Uttar Pradesh (182 millions d'habitants, 80 sièges à l'Assemblée), l'hindoue «intouchable» Mayawati Kumari pourrait être «la faiseuse de roi» pour le Congrès ou le BJP, voire devenir Premier ministre d'un attelage hétéroclite de petits partis regroupés sous la bannière d'un «Troisième front».

Le Congrès, un parti laïc de centre-gauche dirigé par Sonia Gandhi et son fils Rahul --héritiers de la dynastie Nehru-Gandhi-- ont refait des appels du pied à leurs anciens alliés communistes qui avaient fait défection en juillet 2008, mécontents d'un accord dans le nucléaire civil scellé entre New Delhi et Washington.

Le Premier ministre Singh a également agité le spectre de tensions inter-religieuses entre la majorité hindoue (80%) et la minorité musulmane (14%) en cas de retour aux affaires du BJP.

Ce dernier a toutefois assuré avoir assez d'alliés pour laver l'affront de sa défaite surprise en 2004.

Ces deux formations, piliers du bipartisme en Inde, ont eu beau faire campagne sur des questions nationales --impact de la récession venue d'Occident, lutte contre la pauvreté, infrastructures, éducation ou combat contre le terrorisme-- l'électeur indien se détermine sur des enjeux locaux et régionaux, observent des politologues.

«Il n'y a pas de leader d'envergure nationale capable d'embrasser les questions essentielles et d'enthousiasmer les gens», déplore l'analyste Neerja Chowdhury.

Pire, selon le sondeur Yashwant Deshmukh de l'agence C-Voter, «quel que soit celui qui arrivera au pouvoir, il n'y restera probablement pas plus de deux ans», renouant avec l'instabilité des années 1990.

Dixième économie mondiale, l'Inde est en plein ralentissement économique. Cette puissance atomique craint églement d'être «au milieu d'un anneau de feu», entre un Pakistan chaotique, un Sri Lanka en guerre et un Bangladesh fragile.

L'Inde reste traumatisée par les attentats de Bombay fin novembre (174 tués) imputés à un groupe islamiste pakistanais et redoute des violences internes perpétrées par la myriade d'insurrections maoïstes, islamistes ou régionalistes.