L'ancienne «première dame» du régime ultra-communiste des Khmers rouges a lancé une attaque au vitriol mardi contre les procureurs du tribunal chargé de la juger au Cambodge, leur promettant «l'enfer» s'ils continuent de l'accuser de meurtre.

À l'ouverture d'une audience d'appel contre sa détention, Ieng Thirith, 76 ans, ex-ministre de l'Action sociale des Khmers rouges poursuivie pour crimes contre l'humanité, a d'abord affirmé qu'elle était «trop faible» pour s'exprimer devant le tribunal spécial parrainé par l'ONU et qui se penche sur les violences de masse commises sous la dictature de Pol Pot (1975-1979).

Mais, un peu plus tard, l'accusée s'est emportée lorsque l'équipe des procureurs a laissé entendre qu'elle était au courant des atrocités perpétrées au centre de détention et de torture de Tuol Sleng (S-21).

«Ne m'accusez pas d'être une meurtrière, sinon vous serez maudits à jamais et vous irez en enfer», a-t-elle lancé.

Lors d'une intervention de 15 minutes, parfois en anglais, parfois en khmer, Ieng Thirith a assuré que sous les Khmers rouges, «tout était fait par Nuon Chea», ex-bras droit de Pol Pot et idéologue du régime, qui fait partie des cinq suspects en passe d'être jugés plus de trente ans après les faits.

L'âge avancé et la santé fragile de certains accusés inquiètent des responsables de la Cour qui a commencé le 17 février à juger «Douch», l'ancien commandant de Tuol Sleng. Le tribunal a annoncé mardi que les débats sur le fond du dossier «Douch» s'ouvriraient le 30 mars.

Ieng Sary, 83 ans, époux de Ieng Thirith et ex-ministre des Affaires étrangères de l'équipe de Pol Pot, a une nouvelle fois été hospitalisé lundi soir après la découverte de sang dans son urine, a indiqué un porte-parole du tribunal, Reach Sambath.

C'est la neuvième fois que Ieng Sary est admis à l'hôpital depuis l'arrestation du couple en novembre 2007, a-t-il précisé.

Selon des documents lus au tribunal mardi, les juges d'instruction ont estimé que Ieng Thirith devait être maintenue en détention pour préserver sa sécurité, ainsi que l'ordre public. Mais son avocat, Phat Pouv Seang, a une nouvelle fois exigé sa libération immédiate, affirmant que les enquêteurs ne disposaient pas d'éléments suffisants pour la maintenir en détention.