Au moins quinze personnes, en majorité des membres d'Al-Qaeda, ont été tuées vendredi par des tirs de missiles dans le nord-ouest du Pakistan, où les États-Unis ciblent fréquemment le réseau d'Oussama ben Laden, ont assuré des sources militaires pakistanaises.

Le dernier tir de missiles a fait «au moins sept morts, des dizaines de blessés», et parmi les tués «la majorité sont des étrangers», ont déclaré des responsables locaux et des forces de sécurité, qui utilisent en général le terme «étranger» pour désigner des membres d'Al-Qaeda.

«Deux missiles tirés probablement par un drone américain ont frappé une maison à Wana», a précisé à l'AFP un haut responsable de la sécurité.

Wana est la principale ville du Waziristan du Sud, un district des zones tribales du nord-ouest du Pakistan, connu comme un bastion des talibans et des extrémistes d'Al-Qaeda.

C'était la deuxième frappe de missiles vendredi contre des cibles dans cette région pakistanaise frontalière de l'Afghanistan.

Auparavant, dans le Waziristan du Nord, «un repaire de combattants islamistes a été détruit, au moins cinq combattants étrangers et trois locaux ont été tués», a indiqué à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité.

Les cinq «étrangers» étaient des «combattants d'Al-Qaeda», a précisé un de ses pairs, sans pouvoir dire qui étaient les autres.

«Trois missiles tirés par des drones se sont abattus sur une maison de la périphérie de Mir Ali», localité connue pour être une place forte d'Al-Qaeda, a déclaré à l'AFP un autre officier des forces de sécurité.

Ces deux responsables ont affirmé que les missiles étaient américains.

Mir Ali se trouve à quelque 25 km à l'est de Miranshah, le chef-lieu du district. «La maison visée ressemblait à une forteresse», a précisé une des sources.

Seules l'armée américaine et la CIA qui opèrent dans l'Afghanistan voisin disposent de drones, des avions sans pilote, dans la région.

Ces tirs de missiles sont devenus fréquents ces derniers mois dans les zones tribales et Islamabad proteste à chaque fois, pour la forme. Les médias américains et pakistanais rapportent régulièrement qu'il existe un accord secret entre les États-Unis et le Pakistan pour autoriser ces frappes.

Mais il s'agit des premières depuis que Barack Obama, qui a fait de la lutte contre les extrémistes en Afghanistan et au Pakistan l'une des priorités de sa politique, est devenu mardi le nouveau président des États-Unis.

Le président américain a ainsi démontré qu'à ses yeux, le combat contre les talibans en Afghanistan était indissociable de celui contre leurs bases arrière et celles d'Al-Qaeda dans le pays voisin.

Les tirs de missiles que Washington ne commente ni ne dément jamais se sont intensifiés depuis août. Ces frappes n'épargent parfois pas les civils, accusent les autorités pakistanaises.

Précisément, vendredi après-midi, environ 1.500 manifestants ont protesté à Islamabad à l'appel du principal parti islamiste du pays, le Jamaat-i-Islami (JI), contre les opérations militaires dans le nord-ouest.

Sous la pression de Washington, Islamabad, allié-clé des États-Unis depuis fin 2001 dans leur «guerre contre le terrorisme», a lancé récemment son armée dans de grandes offensives dans plusieurs districts des zones tribales.

Kaboul et Washington accusent les talibans de préparer et de conduire depuis ces zones la plupart de leurs attaques en Afghanistan, notamment contre les quelque 70.000 soldats des forces internationales qui combattent l'insurrection islamiste dans ce pays, dont la moitié d'Américains.

Les militants islamistes ont tué plus de 1.500 personnes en un an et demi dans une vague sans précédent d'attentats --essentiellement suicide-- dans tout le pays.