(Pékin) Pékin a haussé le ton jeudi, se disant prêt à prendre « les mesures nécessaires » pour défendre les intérêts de ses entreprises, après l’annonce par Washington de sanctions visant les entreprises de Chine ou d’autres pays qui aident Moscou à acquérir des armes pour sa guerre en Ukraine.

« La Chine exhorte les États-Unis à cesser de dénigrer et de réprimer la Chine et à cesser de mettre en œuvre des sanctions illégales et unilatérales », a déclaré un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères dans un message transmis à l’AFP.

« La Chine prendra toutes les mesures nécessaires pour défendre résolument les droits légaux et les intérêts des entreprises chinoises », a-t-il ajouté.

Dans le cadre d’un vaste train de mesures annoncé mercredi par le département du Trésor américain, Washington a ciblé près de 300 entités en Russie, en Chine et dans d’autres pays, accusées de soutenir l’invasion du président Vladimir Poutine.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que son département a « constamment averti que les entreprises encourront des conséquences importantes si elles apportent un soutien matériel à la guerre menée par la Russie » et que ses « actions perturberont et dégraderont encore davantage les efforts de guerre de la Russie ».

Sur la crise ukrainienne, la Chine appelle au dialogue, s’oppose à tout recours à l’arme nucléaire et exhorte au respect de l’intégrité territoriale « de tous les pays » – sous-entendu Ukraine comprise.

Mais Pékin n’a jamais condamné publiquement Moscou pour l’invasion de l’Ukraine et appelle régulièrement à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie face à l’OTAN.

Pékin a de nouveau insisté jeudi sur le fait que la Chine n’était « ni à l’origine ni partie prenante » de la crise en Ukraine, et a déclaré qu’elle avait le droit de développer des relations commerciales « normales » avec tous les pays, y compris la Russie.  

La Chine s’est toujours résolument opposée à la mise en œuvre par les États-Unis de sanctions illégales et unilatérales contre des entreprises chinoises et à l’exercice d’une « juridiction de longue portée », a déclaré le porte-parole.

Des « bâtons dans les roues »

La dernière vague de sanctions américaines est intervenue une semaine après la signature par le président Joe Biden d’un projet de loi très attendu visant à fournir 61 milliards de dollars d’assistance militaire et économique à l’Ukraine, alors que l’armée de Kyiv s’efforce de contenir les avancées russes.

« Alors même que nous mettons des bâtons dans les roues de la machine de guerre russe, le projet de loi supplémentaire sur la sécurité nationale récemment adopté par le président Biden apporte un soutien militaire, économique et humanitaire indispensable à la courageuse résistance de l’Ukraine », a déclaré Mme Yellen.

Dans le cadre de ces mesures, le Département d’État a inscrit sur sa liste noire d’autres personnes et entreprises impliquées dans les secteurs de l’énergie, de l’exploitation minière et de la métallurgie en Russie.

Les sanctions visent également des personnes liées à la mort du leader de l’opposition russe Alexei Navalny, décédé en février dans une prison de Sibérie.

Parmi les quelque 300 cibles visées figurent des dizaines d’acteurs accusés de permettre à la Russie d’acquérir à l’étranger des technologies et des équipements dont elle a désespérément besoin, a indiqué le ministère des Finances.

Certains d’entre eux sont basés dans des pays tels que la Chine, qui font l’objet de pressions croissantes de la part de Washington pour avoir soutenu la Russie depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, il y a 15 mois.

« Les États-Unis, ainsi que de nombreux partenaires internationaux, sont particulièrement préoccupés par les entités basées en République populaire de Chine (RPC) et dans d’autres pays tiers qui fournissent un appui essentiel à la base militaro-industrielle de la Russie », indique le communiqué du Trésor.

« Ce soutien permet à la Russie de poursuivre sa guerre contre l’Ukraine et constitue une menace importante pour la sécurité internationale », poursuit-il.  

Outre la Chine, les entités non russes visées étaient situées en Azerbaïdjan, en Belgique, en Slovaquie, en Turquie et dans les Émirats arabes unis.

Ces sociétés « permettent à la Russie d’acquérir à l’étranger des technologies et des équipements dont elle a désespérément besoin », indique le communiqué.