(Pékin) Le président chinois Xi Jinping a déclaré mercredi à Pékin lors d’une rencontre avec l’ex-dirigeant taïwanais Ma Ying-jeou (2008-2016) que les « ingérences extérieures » ne pourront entraver la réunification de l’île avec la Chine continentale.

Partisan d’un apaisement avec les autorités du continent, l’ancien président taïwanais, 73 ans, a entamé le 1er avril une tournée en Chine continentale qu’il a qualifiée de « voyage de la paix » destiné à réduire les tensions bilatérales.

La rencontre entre les deux hommes est la première depuis leur sommet historique en 2015 à Singapour, quand Ma Ying-jeou était encore au pouvoir.

« La nation chinoise a progressivement écrit l’histoire indivisible des deux rives du détroit de Taïwan et gravé une épopée marquée par les liens du sang », a déclaré mercredi Xi Jinping à son invité, selon une vidéo de la chaîne taïwanaise TVBS.  

« Les compatriotes des deux côtés du détroit de Taïwan sont tous Chinois », a-t-il souligné, l’immense majorité de l’actuelle population de l’île étant de culture chinoise et ayant des ancêtres en Chine continentale.

La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.  

Elle dit privilégier une réunification « pacifique » avec l’île. Mais n’a jamais renoncé à employer la force militaire.

La Chine continentale est aujourd’hui dirigée par un système à parti unique tandis que les 23 millions d’habitants de Taïwan sont gouvernés par un système démocratique.

« Le même pays »

Mais « les différences entre nos systèmes [politiques] ne peuvent changer le fait objectif que nous appartenons au même pays et à la même nation », a déclaré Xi Jinping, selon TVBS.  

« Les ingérences extérieures ne pourront pas empêcher la grande cause historique de notre réunion. »

Ses propos sont une claire référence aux États-Unis, principal fournisseur d’armes et plus fidèle soutien des autorités taïwanaises.

Ma Ying-jeou est issu du parti Kuomintang (KMT), plus ouvert à un dialogue avec Pékin, car lui-même créé en Chine continentale.

L’ex-président mène une délégation d’étudiants taïwanais et s’est rendu durant sa visite en Chine continentale dans des entreprises technologiques, des universités et des lieux historiques.

Si Taïwan et la Chine continentale « se sont développés selon des systèmes différents », leurs habitants « appartiennent à la même nation chinoise », a déclaré Ma Ying-jeou à Xi Jinping, selon les services de l’ex-président taïwanais.

« Si une guerre éclatait entre les deux rives du détroit de Taïwan, elle constituerait un fardeau insupportable », a-t-il souligné, appelant à « s’opposer » à l’indépendantisme taïwanais.

Durant ses deux mandats, Ma Ying-jeou avait oeuvré à l’amélioration des liens bilatéraux, qui avait notamment permis de meilleures liaisons maritimes et aériennes.

Pressions

Mais les relations sont tendues depuis l’élection à la présidence taïwanaise en 2016 de Tsai Ing-wen, membre du Parti démocrate progressiste (DPP), car elle estime que l’île est déjà indépendante de facto et plaide pour des liens culturels plus distendus avec la Chine continentale.

Pékin a ainsi renforcé sa pression diplomatique et militaire sur l’île, avec notamment le passage fréquent d’avions de chasse à quelques dizaines de kilomètres des côtes taïwanaises.

L’élection en janvier à la présidence du vice-président sortant, Lai Ching-te, qui prendra ses fonctions en mai et suit la même ligne que Tsai Ing-wen, ne risque pas d’apaiser les tensions.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a déploré mercredi soir dans un communiqué que « les autorités de Pékin » aient « profité de cet entretien » entre Ma Ying-jeou et Xi Jinping « pour se livrer à une propagande débridée quant à leurs revendications concernant Taïwan ».

« Si la Chine veut réellement montrer sa bonne volonté à l’égard de Taïwan, elle doit immédiatement cesser tout acte de coercition contre Taïwan […] et, sur la base de la réciprocité, renouer le dialogue avec le gouvernement taïwanais démocratiquement élu, afin d’aplanir les différends et de régler les problèmes. »

La « République populaire de Chine » (le gouvernement communiste basé à Pékin) et la « République de Chine » (le nom officiel des autorités contrôlant Taïwan) se disputent la reconnaissance diplomatique des autres États.

L’immense majorité reconnaît le gouvernement de Pékin, au détriment des autorités insulaires qui ne sont plus reconnues que par 12 pays.