(Tokyo) Les recherches ont été vaines jusqu’à présent pour tenter de retrouver jeudi sept membres d’équipage d’un Osprey de l’armée américaine qui s’est écrasé en mer la veille dans le sud-ouest du Japon, faisant au moins un mort.

« Aucun indice concernant les personnes disparues n’a été obtenu », ont déclaré les garde-côtes japonais dans un communiqué publié jeudi soir, plus de 24 heures après l’écrasement.

Des plongeurs ont effectué des recherches sur la base d’indications de sonars, mais « seulement des rochers ont été trouvés sur les fonds marins à proximité », selon les garde-côtes qui comptent poursuivre leurs opérations vendredi.

Quelques heures après l’accident qui s’est produit mercredi près de la côte de Yakushima, tout près de l’aéroport de cette petite île subtropicale japonaise, l’un des membres d’équipage avait été retrouvé inconscient et son décès avait été confirmé après son transfert à l’hôpital.

L’appareil, un Osprey CV-22B de la base aérienne américaine de Yokota (au sud-ouest de Tokyo), transportait huit membres d’équipage et « effectuait une mission d’entraînement de routine » au moment de l’accident, dont la cause est pour l’instant « inconnue », avait déclaré mercredi le commandement spécial de l’armée de l’air américaine dans un communiqué.

PHOTO PHILIP FONG, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un Osprey CV-22

Un responsable de la gestion des urgences dans le département japonais de Kagoshima (Sud-Ouest), au large duquel l’appareil s’est abîmé, avait précisé mercredi à l’AFP que la police locale avait reçu « un signalement selon lequel un Osprey crachait des flammes depuis son moteur gauche », un témoignage plaidant pour une défaillance technique.

Le Japon a cloué au sol ses Osprey

Le Japon a demandé à l’armée américaine de suspendre les vols de ses Osprey sur le territoire nippon jusqu’à ce que leur sécurité « soit établie », à l’exception des appareils de ce type participant aux « opérations de recherche et de sauvetage », a expliqué jeudi le ministre japonais de la Défense Minoru Kihara.

Les Forces japonaises d’autodéfense ont, elles, déjà cloué au sol leurs propres Osprey en raison de cet accident.

Tokyo demande aussi « la divulgation rapide d’informations sur les circonstances de l’accident », a ajouté M. Kihara.

« J’ai vu l’Osprey voler en direction de l’aéroport de Yakushima et commencer à tourner sur lui-même », a témoigné Kayo Ito, une pêcheuse locale, sur la chaîne de télévision publique NHK.

« Peu après, une lumière orange s’en est dégagée et à peine 10 secondes plus tard il est tombé dans l’océan. Une colonne d’eau de 50 à 100 mètres de haut a jailli », a-t-elle raconté, ajoutant : « Je ne peux qu’imaginer l’ampleur de la catastrophe s’il s’était écrasé sur un navire ou plus près de l’île ».

Des photographies diffusées par l’agence des garde-côtes japonais ont montré ce qui ressemblait à un canot de sauvetage jaune retourné et d’autres débris flottant à la surface.

Une longue série d’accidents

L’Osprey, issu d’une coopération entre l’avionneur américain Boeing et le spécialiste des hélicoptères Bell, est doté de rotors basculants lui permettant de décoller et atterrir verticalement comme un hélicoptère et de voler comme un avion.  

La fiabilité de cet engin hybride fait débat depuis longtemps en raison de nombreux accidents mortels.

Fin août, trois Marines américains avaient été tués et cinq personnes gravement blessées dans l’accident d’un Osprey dans le Nord de l’Australie alors que cet appareil participait à des manœuvres militaires conjointes américano-australiennes.

En 2022, quatre Marines américains avaient aussi perdu la vie en Norvège lorsque leur Osprey s’était écrasé lors d’exercices de l’OTAN.

Un engin américain du même type s’était également abîmé en mer en 2017 après avoir heurté l’arrière d’un navire dans le cadre d’exercices militaires américano-australiens, faisant trois morts.

Et en avril 2000, 19 Marines avaient été tués lorsqu’un Osprey s’était écrasé en Arizona (Sud-Ouest des États-Unis).

L’armée américaine compte quelque 54 000 soldats au Japon, en majorité basés dans l’archipel méridional d’Okinawa.

Divers incidents et accidents impliquant des aéronefs de l’armée américaine au Japon se sont déjà produits par le passé, y compris concernant des Osprey, qui à cause de leurs problèmes de sécurité récurrents sont vus d’un mauvais œil par la population japonaise, en particulier à Okinawa.

En 2016, l’amerrissage d’urgence d’un Osprey au large d’Okinawa, un incident qui n’avait pas fait de victimes, avait forcé pendant quelques jours les forces américaines à suspendre les vols de ces appareils au Japon en raison de vives protestations locales.