(Bangkok) Pita Limjaroenrat, visage du renouveau politique en Thaïlande, a annoncé vendredi qu’il démissionnait de son poste de chef du parti Move forward (MFP) en raison d’ennuis avec la justice, quatre mois après la victoire éclatante de la formation réformiste aux élections législatives.

« J’ai démissionné de mon poste de chef de parti du MFP pour ouvrir la voie à un député capable de s’exprimer au Parlement et d’être le chef de l’opposition », a écrit Pita Limjaroenrat sur sa page Facebook officielle.

Move Forward a remporté en mai le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale, porté par une vague de changement après une quasi-décennie de régime militaire, mais a refusé de se joindre à la coalition finalement arrivée au pouvoir.

Le dirigeant de 43 ans a ainsi été bloqué aux portes du pouvoir par les forces conservatrices, qui lui reprochent son programme jugé trop radical vis-à-vis de la monarchie, notamment une réforme de la lèse-majesté.

Il a été suspendu cet été de son mandat de député, dans l’attente d’une décision de la Cour constitutionnelle concernant sa détention d’actions d’une chaîne de télévision qui n’émet plus depuis 2007. La Constitution thaïlandaise interdit à un parlementaire de posséder des participations dans un média.

Pita Limjaorenrat est impliqué dans une autre affaire devant la Cour constitutionnelle en lien avec certains aspects du programme du MFP, assimilés à un plan pour « renverser la monarchie ».

Après trois mois d’impasse, le principal partenaire de MFP au sein de la coalition prodémocratie avait dénoncé leur union et s’était joint à des formations conservatrices du gouvernement sortant, issu du coup d’État de 2014, pour désigner son candidat, Srettha Thavisin, comme premier ministre – laissant Move Forward dans l’opposition.

Selon les règles actuelles, le chef de l’opposition doit être député.  

« En raison de ma suspension, je ne serai pas en mesure d’obtenir mon poste de député et de chef de l’opposition dans un avenir proche », a écrit Pita.

« Quel que soit mon rôle, je resterai impliqué dans le MFP », a-t-il continué, en appelant ses soutiens à se réunir le 24 septembre dans le centre de la capitale Bangkok.

Le député Rangsiman Rome, l’une des figures de Move Forward, a déclaré que le parti devait se réunir pour désigner un nouveau dirigeant.

Cette succession annoncée montre la solidité de Move Forward en Thaïlande, où les partis sont traditionnellement structurés autour d’une personnalité à défaut d’une idéologie en commun, selon un expert interrogé par l’AFP.

Move Forward ne se concentre « pas sur les personnalités, mais plutôt sur les réformes et la modernisation de la Thaïlande », a expliqué le politologue Thitinan Pongsudhirak.