(Sydney) Un sénateur australien a été suspendu jeudi par son parti après qu’une élue l’a accusé de l’avoir agressée sexuellement au Parlement, qui n’est selon elle « pas un endroit sûr pour les femmes ».

Le sénateur conservateur David Van a vigoureusement démenti les allégations de sa collègue Lidia Thorpe, mais son parti l’a suspendu après l’émergence de nouvelles accusations contre lui, a déclaré son dirigeant.

Jeudi après-midi, une autre femme politique, l’ex-sénatrice conservatrice Amanda Stoker, lui a reproché de lui avoir « pincé les fesses » à deux reprises en 2020, lors de ce qu’elle a décrit aux médias locaux comme une fête de bureau.

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Le sénateur conservateur David Van a vigoureusement démenti les allégations de sa collègue Lidia Thorpe, mais son parti l’a suspendu.

L’indépendante Lidia Thorpe a expliqué jeudi dans un discours au Sénat avoir été la cible de « commentaires à caractère sexuel », acculée dans une cage d’escalier, « touchée de manière inappropriée » et avoir reçu des « propositions » de la part d’« hommes puissants ».

Le Parlement « n’est pas un endroit sûr pour les femmes », a-t-elle estimé.

Mercredi, alors que David Van s’exprimait au sujet d’accusations de viol visant un ex-collaborateur parlementaire, Mme Thorpe s’était levée pour déclarer : « Je me sens vraiment mal à l’aise lorsqu’un agresseur prend la parole ».

« Cette personne m’a harcelée, m’a agressée sexuellement […] Le fait qu’il parle de cela aujourd’hui est une honte absolue », avait-elle lancé, avant d’être contrainte de rétracter ses propos, menacée d’une sanction.

Jeudi, l’élue a réitéré l’essentiel de ses allégations.

« On m’a suivie, on m’a fait des propositions de manière agressive et on m’a touchée de manière inappropriée », a déclaré la sénatrice.

« Je sais qu’il y a d’autres personnes qui ont vécu des choses similaires et ne se sont pas manifestées (pour protéger) leur carrière. »

M. Van a démenti ces accusations, qu’il a qualifiées de « totalement fausses » auprès de médias locaux, se disant « brisé et meurtri ».  

« Culture sexiste »

Depuis 2021, le monde politique australien est ébranlé par une série d’accusations d’agression et de harcèlement au sein du Parlement.  

Cette année-là, Brittany Higgins, une ex-collaboratrice du gouvernement, avait rapporté avoir été violée par un collègue en mars 2019 dans le bureau d’une ministre. Des accusations contestées par l’intéressé.

L’affaire avait provoqué des manifestations et plusieurs enquêtes, dans le sillage du mouvement mondial #metoo, sans finalement faire l’objet d’un procès par crainte d’éventuelles conséquences sur la santé mentale de la plaignante, avait fait savoir le parquet en décembre 2022, après la fin soudaine d’un premier procès pour vice de procédure.

En 2021, une enquête sur la « culture sexiste » du Parlement australien avait révélé des preuves abondantes de harcèlement sexuel et d’intimidations visant aussi bien les législateurs que le personnel.  

Une personne sur trois travaillant alors au Parlement avait rapporté avoir été « victime d’une forme de harcèlement sexuel pendant son travail », selon le rapport commandé par le gouvernement.