(Jérusalem) Les deux principaux chefs de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid et Benny Gantz, ont suspendu mercredi leur participation aux négociations censées permettre de trouver un terrain d’entente sur la réforme judiciaire, voulue par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, mais qui divise profondément le pays.

Le député Yaïr Lapid, ancien premier ministre et chef du parti centriste Yesh Atid, et son collègue Benny Gantz, chef du Parti de l’unité nationale, ont annoncé cette décision lors d’une conférence de presse commune à Jérusalem après l’échec du Parlement a élire ses représentants au sein de la commission de nomination des juges.

« Sans la mise en place de [cette] commission […], nous n’irons pas [discuter] chez le président » Isaac Herzog, qui assure la médiation entre la majorité et plusieurs partis d’opposition, a déclaré M. Lapid.

Il a accusé M. Nétanyahou d’avoir « empêché aujourd’hui » la formation de cette instance et d’avoir ainsi « fini de faire croire qu’il était ouvert à la discussion ».

« Dans l’état actuel des choses où il n’y a pas de commission comme il se doit, il n’y a pas d’intérêt à mener des discussions avec le président », a abondé M. Gantz.

Argumentaire démenti par M. Nétanyahou, selon qui « il est avéré aujourd’hui que Gantz et Lapid ont essayé par tous les moyens de dynamiter les négociations ». « Leur candidate a été élue et pourtant ils sapent les négociations ; c’est bien la preuve [qu’ils] ne veulent pas d’une vraie négociation », a-t-il déclaré dans un message vidéo.

En l’état actuel de la législation, la commission de nomination des juges compte parmi ses neuf membres deux députés. Il est de coutume que l’un soit issu de la majorité, l’autre de l’opposition.

Si la candidate de l’opposition, Karine Elharrar, soutenue par MM. Gantz et Lapid, a été élue avec le soutien de voix de la majorité, cette dernière n’est pas parvenue à s’entendre sur le nom de son candidat à la suite de divergences en son sein. En conséquence, un nouveau scrutin doit avoir lieu sous trente jours.

Formé fin décembre avec le soutien de partis d’extrême droite et de formations ultra-orthodoxes juives, le gouvernement de M. Nétanyahou tente de faire passer une réforme de la justice ayant donné lieu à l’un des plus grands mouvements de contestation de l’histoire d’Israël.

Le gouvernement assure que la réforme est nécessaire pour assurer un meilleur équilibre des pouvoirs quand ses détracteurs y voient une menace pour la démocratie israélienne et ses garde-fous institutionnels.