(Tachkent) Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé mercredi l’Ouzbékistan à respecter les libertés fondamentales et à poursuivre les réformes en cours dans cette ex-république soviétique d’Asie centrale, aux accents autoritaires malgré une volonté affichée d’ouverture.

La visite du chef de la diplomatie américaine à Tachkent, la capitale ouzbèke, fait partie d’un voyage de deux jours en Asie centrale, où Washington espère renforcer son influence face à l’ex-puissance tutélaire russe et au poids croissant du rival chinois.

La veille, M. Blinken s’est entretenu avec ses homologues des cinq républiques centrasiatiques (Kazakhstan, Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) dans la capitale kazakhe, Astana.

Lors d’un entretien mercredi avec le président ouzbek Chavkat Mirzioïev, M. Blinken a « exhorté » l’Ouzbékistan à « protéger les droits humains et les libertés fondamentales, dont la liberté d’expression et la transparence », selon le porte-parole du secrétaire d’État.

L’Ouzbékistan est dirigé depuis 2016 par Chavkat Mirzioïev, arrivé au pouvoir à la mort de son prédécesseur, l’autocrate Islam Karimov, dont il était le premier ministre.

À la tête du pays, le plus peuplé d’Asie centrale avec quelque 35 millions d’habitants, M. Mirzioïev a mené d’importantes réformes économiques et sociales. Malgré des progrès, l’Ouzbékistan est toujours accusé par des ONG de ne pas respecter les libertés fondamentales.

Si la presse reste encore largement sous contrôle, le président Mirzioïev avait assuré mi-février qu’il ne « fermerait jamais des médias », bien que « beaucoup de fonctionnaires lui demandaient de le faire ».

M. Blinken a également dit avoir abordé avec M. Mirzioïev la répression de manifestations en juillet 2022 au Karakalpakstan, pendant lesquelles 21 personnes avaient perdu la vie, selon le bilan officiel.

Les manifestants s’opposaient à un projet de révision de la Constitution qui prévoyait de réduire l’autonomie de ce territoire désertique ouzbek, parmi les plus pauvres du pays. L’amendement constitutionnel sur le Karakalpakstan a depuis été abandonné.

La liste des victimes n’est toujours pas disponible et les circonstances des décès n’ont pas été révélées.

Antony Blinken a « souligné l’importance d’enquêter de façon complète et transparente sur les allégations de violations des droits humains commises par les forces de l’ordre » et la nécessité de « demander des comptes aux responsables. »

L’ONG Human Rights Watch avait dénoncé un « usage injustifié de la force létale » par les autorités après vérification de plusieurs dizaines de vidéos des manifestations.

Au total, 171 personnes sont poursuivies pour leur participation à ces protestations : 16 personnes ont déjà condamnées à des peines de trois à 16 ans de prison ferme et 39 prévenus sont actuellement jugés.

Le chef de la diplomatie américaine a cependant félicité l’Ouzbékistan pour avoir mis fin ces dernières années au travail forcé dans les champs de coton, y compris des enfants, estimant qu’il s’agissait d’un « modèle à suivre pour d’autres pays dans ce cas ».

Il a également assuré « avoir hâte de travailler avec le gouvernement pour promouvoir des efforts similaires dans d’autres secteurs et mettre pleinement en œuvre les réformes du président » Mirzioïev.