(Sydney) Huit pays, dont les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi que l’Union européenne, ont appelé vendredi la junte birmane à permettre à un diplomate de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) de rencontrer l’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi, renversée par l’armée en février.

L’ASEAN avait adopté en avril un plan en cinq points qui devait contribuer à rétablir le dialogue en Birmanie et faciliter l’arrivée de l’aide humanitaire, mais la junte a freiné sa mise en place, retardant la visite d’Erywan Yusof, vice-ministre des Affaires étrangères du Brunei, désigné émissaire de l’organisation pour la Birmanie après des mois de négociations.

Dans un communiqué conjoint, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et le Timor-Oriental ont fait part de leur « profonde préoccupation face à la situation critique en Birmanie », appelant la junte à « participer de manière constructive » au dialogue avec l’envoyé spécial de l’Asean.

« Nous demandons à l’armée de faciliter la possibilité pour l’envoyé spécial de l’ASEAN de se rendre régulièrement en Birmanie et de rencontrer librement les différentes parties concernées », ont ajouté les signataires, auxquel s’est joint le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Début octobre, un porte-parole de la junte avait souligné qu’il serait « difficile » pour l’émissaire de rencontrer quelqu’un en cours de procès, dans une apparente référence à Aung San Suu Kyi.

A Washington, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price a insisté sur la nécessité de permettre à Erywan Yusof de mener « une visite significative » qui lui permette de « rencontrer toutes les parties ».

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La junte birmane retarde la visite à l’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi que devait faire Erywan Yusof, vice-ministre des Affaires étrangères du Brunei, désigné émissaire de l’organisation pour la Birmanie.

Le département d’État américain a aussi annoncé une tournée de son haut responsable Derek Chollet à partir de dimanche en Indonésie, à Singapour et en Thaïlande, notamment pour évoquer la crise birmane.

Les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN étaient réunis virtuellement vendredi pour discuter de la possible exclusion du chef de la junte birmane Min Aung Hlaing d’un sommet de l’organisation à la fin du mois.

Le Brunei, qui assure actuellement la présidence tournante de l’ASEAN, publiera un communiqué final samedi, selon des sources diplomatiques.

L’organisation qui regroupe dix pays d’Asie du Sud-Est, dont la Birmanie, est sous pression face à la crise qui s’aggrave dans ce pays après la prise de pouvoir par les militaires en février et une répression de toute opposition.

Un coup d’État a mis fin le 1er février à une parenthèse démocratique de dix ans. La répression militaire est sanglante contre les opposants, avec plus de 1100 civils tués et 8400 emprisonnés, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP).

Aung San Suu Kyi, 76 ans, lauréate du prix Nobel de la paix 1991, est poursuivie pour avoir violé des restrictions liées au coronavirus pendant les élections de l’année dernière que son parti avait remportées largement et pour avoir illégalement importé des talkie-walkies.

Elle encourt des décennies de prison si elle est reconnue coupable, de nombreux observateurs dénonçant un procès politique dans le but de neutraliser l’ex-icône de la démocratie, grande gagnante des élections de 2015 et de 2020.

La junte a promis d’organiser des élections et de lever l’état d’urgence en 2023.