L'épouse de l'ex-président chinois d'Interpol Meng Hongwei, disparu il y a six mois, estime vendredi que Pékin n'a formulé « aucune accusation réelle » ni présenté de « preuve » pour révoquer cette semaine son mari de toute fonction et l'exclure du parti.

L'ex-patron d'Interpol, organisation intergouvernementale de police criminelle basée à Lyon, dans le centre-est de la France, a été accusé mercredi par le régime de Pékin de « graves violations » de la discipline, exclu du Parti communiste chinois et révoqué de toute fonction publique.

« Les autorités chinoises n'ont pas formulé d'accusations réelles ni présenté quelque preuve que ce soit à l'appui de leurs allégations », affirme l'épouse de M. Meng dans un communiqué transmis par son avocat.

Et le Comité central pour l'inspection disciplinaire (CCID) du Parti communiste chinois n'a fourni « aucune information sur la localisation ou l'état de santé de mon mari », déplore-t-elle.  

Depuis six mois, « j'ai appelé à plusieurs reprises les autorités chinoises à respecter les droits humains fondamentaux de ma famille », souligne Mme Meng, qui avait demandé au président français Emmanuel Macron d'évoquer la situation de son mari avec le président chinois Xi Jinping, lors de sa visite d'État en France de dimanche à mardi.

Le communiqué des autorités chinoises « révèle ouvertement la nature politique de l'affaire [...], en éludant la question des droits humains fondamentaux de notre famille », estime-t-elle.  

Meng Hongwei, 65 ans, qui était également vice-ministre de la Sécurité publique de son pays, s'était volatilisé durant une visite en Chine après avoir quitté le siège de l'organisation policière internationale basée à Lyon.

En mars 2017, quelques mois après son élection à la présidence d'Interpol, M. Meng, « connu en Chine, dit son épouse, pour ses idées réformistes » a présenté sa démission au Comité central du Parti communiste afin de quitter le Comité de la sécurité publique, et souhaité recentrer ses fonctions de vice-ministre sur les aspects relatifs à la coopération internationale. Ceci a pris effet en décembre 2017, explique encore son épouse.

Mme Meng a récemment déposé plainte à Lyon pour « tentative d'enlèvement en bande organisée ». Après cette tentative de kidnapping, elle se trouve sous protection policière avec ses jumeaux de 7 ans.