Le chef de l'exécutif de Hong Kong a annoncé mardi qu'il avait écrit à Pékin pour faire part de ses préoccupations après le récit d'un des libraires « disparus » de l'ex-colonie britannique sur ses conditions d'arrestation et de détention en Chine.

Lam Wing-kee est l'un des cinq libraires « disparus » de Hong Kong qui s'étaient volatilisés fin 2015, après avoir vendu des ouvrages critiques envers Pékin.

Cette affaire a semé l'effroi alors que de nombreux habitants ont le sentiment que la Chine durcit son contrôle sur Hong Kong, qui lui a été rétrocédée en 1997.

M. Lam a raconté jeudi à Hong Kong comment il avait été détenu et interrogé pendant des mois, sans accès à un avocat, après avoir été arrêté en octobre à Shenzhen, dans le sud de la Chine.

Il a déclaré avoir été libéré sous caution, mais avoir décidé de ne pas retourner en Chine, où il fait l'objet d'une enquête pour y avoir introduit des livres interdits. Il devait, a-t-il dit, remettre aux autorités chinoises un disque dur contenant les noms de centaines de clients du continent ayant acheté les ouvrages en question.

Le chef de l'exécutif de Hong Kong, Leung Chun-ying, a déclaré mardi que sa lettre aux autorités chinoises faisait état des inquiétudes des Hongkongais.

Il y demande, a-t-il expliqué, des éclaircissements sur la manière dont les services chinois compétents gèrent les cas de Hongkongais ayant violé la loi chinoise. Il veut aussi savoir si des agents chinois ont opéré à Hong Kong même.

Il demande si « le traitement de cette affaire affecte le principe "un pays deux systèmes" et la loi qui garantit les libertés et les droits du peuple de Hong Kong ».

Hong Kong jouit de libertés inconnues ailleurs en Chine continentale, en vertu du principe « un pays, deux systèmes », en théorie jusqu'en 2047.

Les députés prodémocratie ont jugé cette réaction largement insuffisante, la députée Claudia Mo du Parti civique qualifiant la lettre de « lamentable ».

« Leung est de toute évidence terrifié à l'idée d'évoquer clairement la question avec les autorités de Pékin. Il veut de toute évidence s'assurer qu'il ne mettra pas son maître dans l'embarras », a-t-elle dit à l'AFP.

Interrogée sur la question de Leung, Hua Chunying, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a confirmé que le principe « un pays, deux systèmes » était toujours en vigueur : « Je voudrais réaffirmer la détermination du gouvernement chinois à soutenir fermement le principe "un pays, deux systèmes". Les habitants de Hong Kong jouissent totalement de leurs droits et de leurs libertés, en accord avec la loi ».

Les cinq « disparus » travaillaient tous pour « Mighty Current », une maison d'édition spécialisée dans les titres salaces sur la vie privée des dirigeants chinois et les intrigues politiques au sommet du pouvoir.

Leurs disparitions avaient été vivement condamnées par la communauté internationale.

Ils avaient refait surface en Chine continentale, où au moins quatre d'entre eux font l'objet d'enquêtes.