Les fabricants de textile au Bangladesh ont annoncé jeudi qu'ils allaient rouvrir des centaines d'usines près de Dacca, après avoir décidé leur fermeture lundi en raison de manifestations d'ouvriers liées à l'effondrement d'un immeuble abritant des ateliers qui a fait 1127 morts.

«Nous avons décidé de rouvrir les usines (dans la zone industrielle d'Ashulia) à partir de vendredi», a déclaré Shahidullah Azim, un responsable au sein de l'Association bangladaise des fabricants et exportateurs de textile, à l'issue d'une réunion avec des représentants du gouvernement et des employés.

M. Azim avait annoncé lundi la fermeture des usines pour raisons de sécurité, en évoquant des «troubles» au sein de la main d'oeuvre.

Selon la police, les ouvriers avaient débrayé lundi dans 80 % des usines d'Ashulia pour demander des hausses de salaire et réclamer l'exécution du propriétaire de l'immeuble qui s'est effondré le 24 avril près de Dacca.

Depuis ce drame, des manifestations d'ouvriers quasi quotidiennes ont empêché les usines de fonctionner normalement.

L'effondrement du Rana Plaza, un immeuble de neuf étages à Savar, dans la banlieue de Dacca, est la pire tragédie industrielle du pays. Le bâtiment abritait cinq ateliers de confection et employait plus de 3500 ouvriers du textile parfois payés moins de 40 dollars par mois.

L'association des fabricants et exportateurs de textile, qui représente les 4500 usines textiles du pays, a décidé de relancer la production à Ashulia après avoir reçu auprès du gouvernement l'assurance que les usines bénéficieront de «la plus grande sécurité», a dit M. Azim à l'AFP.

Cette zone industrielle abrite environ 500 usines, dont une centaine d'usines-clés, qui fabriquent de la confection pour des marques occidentales telles que l'américain Walmart, le suédois H&M, l'espagnol Inditex (Zara) ou le français Carrefour.

«Nous avons rencontré les ministres de l'Intérieur et du Travail et des représentants des ouvriers. Ils ont garanti la plus grande sécurité pour nos usines», a indiqué M. Azim.

Selon lui, les pertes dues aux débrayages d'ouvriers au cours des deux dernières semaines se montent à «au moins 150 millions de dollars». La police a fait état depuis le drame du Rana Plaza de dizaines d'usines et de véhicules vandalisés.

Le Bangladesh est le deuxième exportateur au monde de vêtements en raison de la modicité des salaires et d'une main-d'oeuvre abondante. Ce secteur-clé de l'économie, qui génère 29 milliards de dollars par an, représentait l'an dernier 80 % des exportations du pays.

Mais les conditions de travail et les normes de sécurité dans cette industrie sont dénoncées depuis des années par les ONG et la tragédie du Rana Plaza a relancé les vives critiques sur ces «ateliers de la misère».

Les confédérations syndicales IndustriALL et UNI Global Union se sont félicitées jeudi d'un accord signé par les principales marques occidentales d'habillement pour renforcer la sécurité des usines textiles dans ce pays.