(Acapulco) Enceinte de huit mois, Andrea Fernández se désespère de pouvoir joindre son mari pour lui dire qu’elle est saine et sauve après le passage de l’ouragan Otis qui a dévasté Acapulco et isolé la célèbre station balnéaire sur la côte Pacifique dans l’ouest du Mexique.

« Il n’y a pas de réseau. Cela fait trois jours que je n’ai pas pu le joindre », soupire Andrea. Avec une vingtaine d’autres personnes, elle lève son téléphone vers le ciel ou cherche tous les angles possibles dans l’espoir de capter un peu de couverture.

« Je suis désespérée », dit-elle en larmes, faute de pouvoir rappeler son mari qui purge une peine de prison ailleurs au Mexique.

L’électricité et les connexions sont en partie coupées depuis le passage mercredi peu après minuit de l’ouragan Otis qui a fait officiellement 39 morts et 10 disparus, selon un bilan revu à la hausse, à Acapulco qui compte 780 000 habitants au total.

Le signal va et vient de manière instable. Chaque appel est une loterie. « Il n’y a pas moyen de sortir d’ici ! Dès que je peux, je te rappelle. On a tout perdu. C’est horrible », lance une femme en parlant à toute vitesse après avoir pu enfin contacter quelqu’un.

Ceux qui n’ont pas eu cette chance s’assoient par terre avant une nouvelle tentative, en surveillant le niveau de la batterie de leur téléphone.

PHOTO HENRY ROMERO, REUTERS

Depuis le pont où Andrea tente de joindre son mari, la jeune femme peut voir le célèbre hôtel Princess et un terrain de golf complètement détruits.

De l’autre côté, des dizaines de personnes continuent de se servir dans un supermarché où vivres et appareils électroménagers sont pillés sous le regard impassible des militaires.

Andrea raconte que l’un de ses voisins a marché cent kilomètres jusqu’à la ville proche de Chilpancingo, en emportant avec lui des messages de plusieurs habitants. Ce voisin n’a cependant pas pu joindre son propre mari dans sa cellule à plusieurs centaines de kilomètres, plus au nord, dans l’état du Jalisco.

L’autoroute du Soleil Acapulco-Chilpancingo-Mexico est de nouveau praticable. Un pont aérien a été mise en place pour évacuer les touristes.

« Difficile et stressant »

PHOTO SALVADOR VALADEZ, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un édifice d’Acapulco ravagé par l’ouragan Otis

Sur le même pont, Yesenia Peñaloza tente d’appeler sa sœur qui vit dans l’État voisin du Michoacan, pour lui dire qu’elle et ses parents vont bien.

« J’ai envoyé des textos mais qui sait s’ils sont arrivés », soupire la jeune femme de 21 ans.

« C’est difficile et stressant » de savoir que sa sœur est peut-être sans nouvelle. « Certaines personnes ont eu de la chance de trouver du réseau et de se mettre en contact avec leurs proches ».

« Depuis mardi soir, nous ne savons rien de mon père », dit une autre femme qui a demandé à ne pas être identifiée.

Des télévisions locales ont laissé des habitants d’Acapulco transmettre des messages en direct pour dire à leurs proches qu’ils étaient sains et saufs, ou pour diffuser des photos de personnes qui n’ont pas été retrouvées.

L’opérateur Telcel avait indiqué jeudi avoir rétabli « près de 40 % de ses services à Acapulco », en dehors des « zones sans électricité, ou dans celles où les infrastructures ont subi des dégâts ».

Impuissance

Les communications à l’intérieur de la ville sont encore plus difficiles.

Une touriste attire l’attention des journalistes sur une personne malade qui ne peut pas se déplacer et qui a besoin d’être évacuée d’un immeuble endommagé par l’ouragan.

Le patient n’a pas pu joindre sa famille qui vit également dans le port d’Acapulco.

Francisco Perez, 50 ans, cherche à parler avec sa mère, qui vit également à Acapulco. Il s’en prend aux autorités qui auraient dû selon lui installer « des antennes portables dans les points stratégiques ».

« Que pouvons-nous faire ? », lâche-t-il, en colère.   

Telcel, propriété du milliardaire Carlos Slim, a annoncé qu’il offrait jusqu’au 2 novembre des appels, textos et messagerie illimitée pour « ses usagers touchés par l’ouragan Otis ».