Sans prévenir, tel un voleur, l’ouragan Otis a frappé le sud-ouest du Mexique dans la nuit de mardi à mercredi. En quelques heures seulement, la tempête tropicale s’est transformée en ouragan de catégorie 5, défiant les pronostics de tous les experts. Un phénomène qui est malheureusement appelé à s’amplifier en raison des changements climatiques.

  • Les autorités mexicaines avaient de la difficulté à évaluer le bilan de la catastrophe, mercredi, puisque les communications étaient toujours coupées avec la région d’Acapulco.

    PHOTO MARCO UGARTE, ASSOCIATED PRESS

    Les autorités mexicaines avaient de la difficulté à évaluer le bilan de la catastrophe, mercredi, puisque les communications étaient toujours coupées avec la région d’Acapulco.

  • L’ouragan a touché terre avec des rafales allant jusqu’à 315 km/h, d’après le gouvernement mexicain.

    PHOTO HENRY ROMERO, REUTERS

    L’ouragan a touché terre avec des rafales allant jusqu’à 315 km/h, d’après le gouvernement mexicain.

  • De nombreux immeubles ont été dévastés par les vents.

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    De nombreux immeubles ont été dévastés par les vents.

  • Des glissements de terrain ont détruit des routes lors du passage de l'ouragan.

    PHOTO RODRIGO OROPEZA, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Des glissements de terrain ont détruit des routes lors du passage de l'ouragan.

  • Des voitures ont été emportées durant la tempête.

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    Des voitures ont été emportées durant la tempête.

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Une tempête tropicale qui devient un « scénario cauchemardesque »

Dans la nuit de mardi à mercredi, Otis a touché terre au nord-ouest d’Acapulco, destination prisée des vacanciers au Mexique. L’ouragan était alors classé comme une tempête de catégorie 5, la plus élevée sur l’échelle de Saffir-Simpson, qui détermine l’intensité des cyclones tropicaux. Moins de 24 heures plus tôt, Otis n’était pourtant qu’une tempête tropicale, avec des vents ne dépassant pas 118 km/h. Dans la soirée de mardi (24 octobre), les responsables du National Hurricane Center, aux États-Unis, ont qualifié Otis de « scénario cauchemardesque » alors que la tempête gagnait rapidement en intensité en direction des côtes mexicaines. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), Otis est passé de tempête tropicale à ouragan de catégorie 5 en seulement 12 heures.

Un bilan toujours incertain

Les autorités mexicaines avaient de la difficulté à évaluer le bilan de la catastrophe, mercredi, puisque les communications étaient toujours coupées avec la région d’Acapulco. Signalons que la Commission fédérale d’électricité du Mexique avait coupé l’électricité à Acapulco en soirée mardi, de manière préventive, en vue de l’arrivée d’Otis. « Jusqu’à présent, nous n’avons pas d’éléments sur des pertes en vies humaines, mais il n’y a pas de communications », a déclaré le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, lors de sa conférence de presse quotidienne, mercredi. « Il n’y a pas de vols d’avion. Il n’y a pas d’autobus entre Mexico et Acapulco », a constaté un photographe de l’AFP après le passage de l’ouragan, qui a touché terre avec des rafales allant jusqu’à 315 km/h, d’après le gouvernement mexicain. Le président a mentionné des « dégâts matériels », évoquant des « effondrements » le long de l’autoroute menant à Acapulco, et assuré que le gouvernement tentait de rétablir les communications.

PHOTO RODRIGO OROPEZA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le trajet du président mexicain Andrés Manuel López Obrador vers Acapulco a été perturbé par les routes endommagées.

Une montée en puissance record

Pour bien comprendre l’ampleur de la progression d’Otis, il faut savoir que l’intensification d’un ouragan est jugée rapide lorsqu’il gagne 56 km/h en 24 heures. Otis a gagné 152 km/h en environ 12 heures et 177 km/h sur une période de 24 heures. Au moment de toucher terre, l’ouragan produisait des vents de 265 km/h. Sur le réseau social X, le National Hurricane Center a multiplié les mises à jour mardi au fur et à mesure que la tempête gagnait rapidement en intensité. Un seul ouragan a gagné en puissance plus rapidement qu’Otis sur une période de 24 heures, soit l’ouragan Patricia en 2015. Mais la plus récente tempête remporte la palme pour la montée en puissance la plus rapide sur une période de 12 heures.

Un échec des modèles de prévision

« Ce qui était imprévu, dans l’un des échecs de modèle de prévision les plus importants et les plus conséquents de ces dernières années, c’était la rapidité et l’ampleur de l’intensification d’Otis et la rapidité avec laquelle il toucherait terre – tout cela a conduit à une situation désastreuse sans précédent », ont écrit le scientifique Jeff Masters et le journaliste (et météorologiste) Bob Henson dans un billet publié mercredi sur le site Climate Connections de l’Université Yale. Selon les deux experts, la température de surface élevée dans l’océan Pacifique, gonflée par des températures record en septembre au Mexique, et un corridor de vents intenses expliquent la progression fulgurante d’Otis. « Dans l’ensemble, les prévisions d’intensité des ouragans – y compris une intensification rapide – se sont améliorées ces dernières années. Des cas comme celui d’Otis montrent qu’il nous reste encore beaucoup à faire », a écrit le climatologue américain Tomer Burg sur X

Une étude prévoit une intensification des ouragans

Une étude publiée il y a moins d’une semaine dans la revue Scientific Reports concluait d’ailleurs que les ouragans se sont intensifiés dans l’Atlantique Nord depuis 50 ans en raison des changements climatiques. L’auteure de l’étude, la climatologue américaine Andra Garner, estime que les ouragans dans l’Atlantique sont maintenant deux fois plus à risque de passer d’un stade mineur à celui d’ouragan majeur. Selon Mme Garner, ce phénomène d’intensification rapide s’est accéléré au fur et à mesure que les eaux océaniques se sont réchauffées. Depuis l’ère préindustrielle, il faut rappeler que les océans ont capté 90 % du réchauffement planétaire provoqué par les activités humaines. Or, des océans plus chauds produisent plus d’humidité dans l’atmosphère, favorisant ainsi la formation d’ouragans plus intenses.

Avec l’Agence France-Presse et le New Scientist