(Rio de Janeiro) Au moins neuf personnes ont trouvé la mort lors d’un nouveau raid policier sanglant au Brésil, à Rio de Janeiro (sud-est), portant à 44 le nombre de tués par les forces de l’ordre lors des six derniers jours dans le pays.

Ces opérations policières meurtrières font l’objet d’une vive controverse, avec des critiques des groupes de défense des droits humains sur les méthodes musclées employées dans le combat contre les gangs de narcotrafiquants.

Au moins 33 personnes ont déjà été tuées lors d’autres opérations policières dans le plus grand pays d’Amérique latine depuis vendredi, seize dans l’État de Sao Paulo (sud-est), selon un nouveau bilan rendu public, mercredi, et 19 dans celui de Bahia (nord-est).

À Rio, les fusillades au commencé dès l’aube, au complexe de Penha, ensemble de favelas situé au nord de la ville, non loin de l’aéroport international.

L’opération, qui est encore en cours, a « pour but de localiser et d’interpeller des membres de factions criminelles, après avoir reçu des informations selon lesquelles une réunion de chefs de ces factions aurait lieu dans la région », a expliqué la Police militaire dans un communiqué.

« Sur place, les équipes (de police) été ont attaquées par des individus munis d’armes à feu […] Onze suspects ont été amenés à l’hôpital et neuf d’entre eux n’ont pas survécu à leurs blessures », ont précisé les autorités.

Parmi les « suspects » décédés, deux chefs de gang présumés.

Un policier a été blessé et se trouve actuellement hospitalisé dans un état « stable ».

Sept fusils d’assauts, des grenades et des munitions ont été saisis.

Devant l’hôpital où ont été amenés les blessés, des familles attendaient avec anxiété des nouvelles de leurs proches, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Le vacarme des hélicoptères qui survolent ce quartier pauvre aux habitations précaires à flanc de colline se faisait encore entendre à la mi-journée.

« Tous les commerces sont fermés, les habitants ne peuvent pas sortir de chez eux pour amener leurs enfants à l’école. Il faut s’abriter en lieu sûr en attendant que passe la fusillade », a dit à la chaîne TV Globo un témoin qui a préféré garder l’anonymat.

Selon le site d’informations G1, les écoles du quartier sont restées fermées et plus de trois mille élèves n’ont pas pu aller en cours.  

L’an dernier, une opération policière à Vila Cruzeiro, une des favelas du complexe de Penha, avait fait 25 morts.

Opérations meurtrières en série

Depuis vendredi, des raids sanglants des forces de l’ordre ont lieu dans plusieurs États brésiliens.

À chaque fois, les autorités locales ont affirmé que les policiers avaient dû réagir après avoir été attaqués par des « suspects » lors d’opérations menées contre des narcotrafiquants.  

Dans la Baixada Santista, région littorale près de Sao Paulo (sud-est), poumon économique du Brésil et plus grande métropole d’Amérique latine, une opération au long cours déclenchée au lendemain de la mort d’un policier a fait au moins seize morts. Le bilan s’est encore alourdi, avec deux décès de plus par rapport au décompte de mardi.

Le gouverneur de l’État de Sao Paulo, Tarcisio de Freitas, un ancien ministre de l’ex-président d’extrême droite Jair Bolsonaro, a été vivement critiqué par des ONG de défense des droits humains lundi, notamment Amnistie internationale, pour s’être déclaré « extrêmement satisfait » de cette opération.

Flavio Dino, ministre de la Justice et de la Sécurité publique du gouvernement de gauche de Luiz Inacio Lula da Silva, avait affirmé au contraire que la réaction des forces de l’ordre « semblait disproportionnée ».

Mais plusieurs raids policiers meurtriers ont également été enregistrés ces derniers jours dans l’État de Bahia, dont le gouverneur, Jeronimo Rodrigues, est un membre du Parti des Travailleurs de Lula.

En 2022, 6429 personnes ont été tuées par la police au Brésil, soit 17 par jour en moyenne, selon des données collectées par l’ONG de référence Forum de la Sécurité publique.