(Buenos Aires) Le ministre argentin de l’Économie Sergio Massa, pompier équilibriste depuis un an d’une économie notoirement fragile, sera l’unique candidat de la coalition de centre gauche au pouvoir pour l’élection présidentielle du 22 octobre, a annoncé vendredi cette coalition.

Sergio Massa, 51 ans, ministre de l’Économie depuis juillet 2022, sera « notre candidat pour la présidence », a annoncé sur Twitter la coalition, rebaptisée « Union pour la Patrie », en lieu et place du « Front de tous », son appellation depuis 2019.

L’annonce intervient après plusieurs réunions de concertation vendredi, et le retrait d’autres pré-candidatures, celles du ministre de l’Intérieur Eduardo de Pedro lancée la veille, et d’un ex-vice-président actuellement ambassadeur au Brésil, Daniel Scioli.

Elle survient aussi à 24 heures de la clôture des candidatures pour les primaires prévues le 13 août, et évite donc à la coalition au pouvoir, souffrant d’une grave impopularité sur fond d’inflation hors de contrôle (114 % sur douze mois), d’avoir à passer par cette compétition interne potentiellement dommageable.

L’Union pour la patrie a exprimé sa reconnaissance à Daniel Scioli et Eduardo de Pedro « pour avoir fait le choix de l’unité du péronisme, en référence au large et complexe courant politique argentin héritier de Juan Domingo Peron, président de 1946 à 1955 puis en 1973-1974.

La coalition a annoncé qu’Agustin Rossi, 63 ans, actuel chef de cabinet du conseil des ministres et proche du président sortant Alberto Fernandez, serait candidat à la vice-présidence sur le « ticket » conduit par Sergio Massa.

La même unité n’est pour l’heure pas de mise dans l’opposition, où le maire (centre droit) de Buenos Aires depuis 2015 Horacio Larreta, 57 ans, et Patricia Bullrich, 67 ans, une droitière ex-ministre de la Sécurité sous la présidence du libéral Mauricio Macri (2015-2019), sont à ce stade pré-candidats.

Satisfecit du FMI

Le nom de M. Massa figurait depuis des mois parmi de possibles présidentiables, après que le sortant Alberto Fernandez, en avril, puis l’ex-cheffe de l’État et actuelle vice-présidente Cristina Kirchner, en mai, ont exclu de se représenter.  

Sergio Massa, un avocat de formation, ancien chef de cabinet en 2008-2009 sous la présidence de Cristina Kirchner, et ex-président de la Chambre des députés, avait été nommé il y a près d’un an à la tête d’un « super-ministère » de l’Économie. Il a eu la lourde tâche de tenter de contrôler l’inflation, tout en restant dans les clous de maîtrise budgétaire fixés par le Fonds monétaire international.  

Le FMI et l’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, ont conclu début 2022 un accord sur le refinancement de la massive dette argentine, legs d’un prêt de 44 milliards de dollars contracté en 2018 par le gouvernement Macri auprès de l’institution de Washington.

M. Massa s’est à plusieurs reprises attiré les satisfecit du Fonds pour « des actions décisives » et une discipline budgétaire accrue, (déficit ramené à 2,4 % du PIB en 2022, contre 2,5 % fixés par le FMI). Sans pouvoir pour autant enrayer l’inflation, empêcher la dépréciation régulière du peso par rapport au dollar, ni éviter un contrecoup social, avec une pauvreté à près de 40 %.

Considéré comme pragmatique, consensuel – sa présidence de la Chambre basse avait été saluée en ce sens – M. Massa est aussi hautement évolutif – ou « arriviste » selon ses détracteurs.

Haut fonctionnaire important sous la présidence Kirchner, il s’en était éloigné pour fonder un parti plus centriste, le Front rénovateur, pour lequel il s’était présenté à la présidentielle de 2015, arrivant en 3e position, derrière le libéral Macri, et le candidat péroniste Daniel Scioli.

Sergio Massa s’est depuis 2019 rapproché de l’épicentre péroniste, parvenant à garder l’oreille de Mme Kirchner, 70 ans, qui reste une figure ultra-dominante de l’espace politique de gauche, et cheffe de file incontestée du courant péroniste.