(Buenos Aires) La vice-présidente argentine Cristina Kirchner a réaffirmé mardi avec force qu’elle ne sera pas candidate à l’élection présidentielle d’octobre, malgré les appels de partisans en ce sens, de peur de se voir « interdite » par une justice selon elle partiale.

« Je l’ai déjà dit en décembre 2022. Je ne serai le jouet du pouvoir pour aucune candidature », écrit Mme Kirchner, 70 ans, dans une lettre ouverte publiée sur son site et les réseaux sociaux. « Ce n’était pas une décision sous pression ou sur le moment, mais raisonnée, et pensée ».

« Il nous faut sortir du piège qu’ils nous tendent », ajoute-t-elle en visant l’opposition, et un appareil judiciaire selon elle « fonctionnant depuis 2016 comme une “task force” de Juntos por el Cambio », la coalition d’opposition de droite.

« Je ne vais pas entrer dans le jeu pervers qu’ils nous imposent […] pour que ces mêmes juges […] dictent un jugement qui inhabiliterait ou supprimerait toute candidature mienne », écrit-elle encore.

Elle appelle donc le bloc (centre gauche) au pouvoir, dont son courant péroniste, « à bâtir un programme de gouvernement dont peuvent s’éprendre » les Argentins. Mais se garde de mentionner un possible candidat.

Présidente de 2007 à 2015, vice-présidente depuis 2019, Mme Kirchner reste une figure centrale de la gauche argentine, cheffe de file du péronisme – et vouée à peser sur le choix d’un candidat de ce camp pour l’élection.

En décembre 2022, elle a déjà annoncé qu’elle ne se présenterait à aucun mandat en 2023, peu après sa condamnation dans un procès pour fraude et corruption – qu’elle nie – durant ses mandats présidentiels.

Elle avait été condamnée à six ans de prison et une inéligibilité à vie, peines dont l’immunité parlementaire la préserve, et qui ne seraient effectives qu’au bout de plusieurs années et maints recours.

À plusieurs reprises depuis, elle a repoussé les appels du pied de partisans péronistes scandant à chaque rassemblement « Cristina présidente ! ». « Non, non, présidente, non […] j’ai déjà donné ce que j’avais à donner », rappelait-elle encore fin avril lors d’un rassemblement à La Plata.

Cela n’a pas empêché plusieurs politiciens de son camp de redire ces dernières semaines qu’ils ne voyaient qu’elle comme solution, et d’espérer qu’elle se déclare, à cinq mois de l’élection, et alors que le pays s’enlise dans une inflation sans fin (108 % en interannuel).

Ce retrait réitéré de Mme Kirchner, et l’annonce en avril par le président Alberto Fernandez qu’il ne se représentera pas, laissent un champ ouvert et incertain dans le camp gouvernemental. Même si Daniel Scioli, un ex-vice-président et candidat malheureux en 2015, s’est pré-positionné. Et si de nombreux médias prêtent des intentions au ministre de l’Économie Sergio Massa, lui aussi candidat en 2015.