(La Havane) Le gouvernement colombien et la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN) ont réaffirmé mardi leur volonté de parvenir à un cessez-le-feu, s’accordant sur la nécessité que la société participe au processus de paix, à l’ouverture d’un troisième cycle de négociations à La Havane.

« Nous avons l’immense responsabilité de trouver ensemble une sortie à cette guerre ignoble », a déclaré la sénatrice colombienne Maria José Pizarro, membre de la délégation gouvernementale présente à Cuba pour poursuivre les pourparlers de paix avec la guérilla d’extrême gauche.

« La meilleure façon de contribuer à la recherche de solutions au conflit armé est de terminer ce cycle avec un accord de participation de la société, la construction de la paix avec l’Armée de libération nationale et un accord de cessez-le-feu, dont l’axe fondamental doit être que le peuple ne souffre pas », a ajouté la sénatrice.  

Les deux délégations reprennent le dialogue dans le cadre du processus de paix impulsé fin 2022 par le président de gauche, Gustavo Petro. Les pourparlers ont commencé en novembre à Caracas avant de se poursuivre en mars à Mexico où les deux parties se sont engagées à discuter d’un cessez-le-feu.  

« Nous sommes déterminés à atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés lors du cycle de Mexico, à savoir un cessez-le-feu et la participation de la société » dans le processus de paix, a déclaré Pablo Beltran, chef de la délégation de l’ELN, dernière guérilla constituée comme telle encore active en Colombie.

« Les secteurs marginalisés et exploités ne peuvent pas être de simples spectateurs de ce processus », a-t-il insisté.  

« Régionaliser »

À Madrid, le président Petro, premier président de gauche de l’histoire du pays, a rappelé que les « processus de paix doivent toujours parvenir à un cessez-le-feu, sinon cela n’a pas de sens de parler de paix ». Il a également proposé de « régionaliser les cessez-le-feu qui pourraient progressivement être étendus à la géographie nationale ».  

Selon le négociateur du gouvernement, Otty Patiño, Bogota espère parvenir à un cessez-le-feu avant les élections régionales d’octobre. « L’idée est de conclure un cessez-le-feu temporaire, qui soit en profondeur, de façon à ce qu’il soit irréversible », a-t-il déclaré à la presse.  

Malgré les engagements pris à Mexico, la mort de neuf soldats colombiens le 29 mars, tués dans une embuscade de l’ELN, avait suscité le doute sur la suite des conversations.

Ensanglantée par un demi-siècle de conflit armé, la Colombie a tenté de nombreuses négociations de paix avec les groupes armés, sans toujours y parvenir.

En 2016, un accord historique a toutefois conduit au désarmement de la puissante guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et à sa transformation en un parti politique.  

La délégation de l’ELN avait quitté en septembre 2022 La Havane où elle se trouvait depuis 2018 lorsqu’avaient débuté des pourparlers avec le gouvernement de Juan Manuel Santos (2010-2018).  

Son successeur Ivan Duque (2018-2022) avait mis fin aux négociations en 2019 après un attentat meurtrier contre une école de police à Bogota. Le président colombien avait alors réactivé les mandats d’arrêt contre les négociateurs du groupe armé et demandé à Cuba leur extradition, ce que La Havane avait refusé.  

Ce refus avait poussé le président américain Donald Trump à inscrire Cuba sur la liste noire des pays soutenant le terrorisme.  

Mardi, la sénatrice Maria José Pizarro a estimé que le « meilleur hommage » qui pourrait être rendu à l’île communiste serait de parvenir à un processus de paix « absolument irréversible et que le résultat permette que Cuba soit retiré au plus vite de cette liste néfaste ».