(Bogota, Colombie) Les températures à l’intérieur du cratère du volcan Nevado del Ruiz, dans l’ouest de la Colombie, continuent d’augmenter, de même que l’activité sismique, signe d’un volcan « très instable » et d’une probable prochaine éruption, ont mis en garde vendredi les autorités colombiennes.

Le Nevado del Ruiz reste dans toutes les mémoires en Colombie pour la tragédie d’Armero, deuxième éruption volcanique la plus meurtrière du XXe siècle, où quelque 25 000 personnes avaient péri en novembre 1985 dans une avalanche de boue et de cendres provoquée par une éruption.

Le calvaire d’Omayra Sanchez, 13 ans, décédée dans un trou d’eau après une agonie de trois jours devant les caméras, avait alors bouleversé le monde entier.

Il est en état d’alerte « orange » depuis le 31 mars, lorsque la moyenne quotidienne des tremblements de terre à l’intérieur du volcan est passée de 50 à 12 000. Une alerte « rouge » lancée par les autorités signifierait une éruption très proche et une évacuation immédiate à grande échelle des populations.

« Les températures à l’intérieur du cratère ont considérablement augmenté, montant à plus de 700 degrés Celsius », a déclaré à un média local le conseiller présidentiel Luis Fernando Velasco, en charge du dossier.

À l’intérieur du volcan, qui culmine à près de 5400 mètres, « le magma se déplace vers le cratère », brisant les roches et provoquant une augmentation de l’activité sismique, localisée à une profondeur de 1 à 6 kilomètres à l’ouest et au sud-ouest du cratère.

Dans son dernier bulletin de surveillance du volcan, vendredi, le Service géologique colombien (SGC) met une nouvelle fois en garde : « Tous les indicateurs confirment […] que l’activité du volcan Nevado del Ruiz continue d’être très instable ».

Le volcan a connu plusieurs petites éruptions depuis dix ans, mais le SGC estime qu’« il est probable que dans quelques jours ou semaines, il entre en éruption majeure ».

Les dernières images publiées par les autorités montrent le sommet de la montagne illuminé par des matériaux incandescents au milieu de la nuit de jeudi à vendredi.

« Hier, nous avons vu une petite éruption […] une combinaison de cendres très chaudes et de magma essayant de sortir du cratère », a expliqué M. Velasco.

En Équateur aussi

Quelque 57 000 personnes vivant dans les 22 municipalités les plus proches du volcan sont évacuées au compte-gouttes, les agriculteurs rechignant à abandonner leurs cultures et leurs bétails.

Comme en 1985, le risque principal pour les populations reste toujours une avalanche (ou lahar), mélange de cendres, d’eau et de roches, provoquée par la fonte des glaces sur les pentes du volcan.

Situé sur la cordillère centrale et la ceinture de feu du Pacifique, le Nevado del Ruiz est l’un des 25 volcans actifs de Colombie.

Dans le sud-est de l’Équateur voisin, le volcan Sangay a lui expulsé une colonne de cendres de huit kilomètres de hauteur qui sont retombées sur quatre provinces de ses environs, a indiqué l’Institut de géophysique. La plus affectée a été celle du Chimborazo, à 250 km de Quito, selon le Secrétariat à la gestion des risques (SGR).

L’activité du colosse qui culmine à 5230 mètres, mais sans population vivant à ses alentours, est considérée entre modérée et élevée depuis 2019.

« Cette émission est similaire à celle observée lors des périodes les plus actives de la période éruptive actuelle du volcan », a déclaré l’Institut de géophysique (IG).

Le Sangay, situé dans la province amazonienne de Morona Santiago (à la frontière du Pérou), ainsi que le Cotopaxi et le Reventador, font partie des volcans considérés en éruption en Équateur, sur les 84 que compte le pays.