(Lima) Les manifestations réclamant la démission de la présidente péruvienne Dina Boluarte, qui a succédé en décembre à Pedro Castillo destitué par le Parlement, ont repris mercredi dans plusieurs régions du pays après une pause lors des fêtes de fin d’année, a annoncé le gouvernement.

Les affrontements avec les forces de sécurité, notamment dans le centre et le sud du pays où le président déchu bénéficie de soutiens, ont fait jusqu’ici 22 morts et plus de 600 blessés.

« Il y a dix points de blocage, notamment à Puno », dans le sud-est du pays, a déclaré à la presse le premier ministre Alberto Otarola, après la mise en place d’un centre de gestion de crise à Lima.

Selon l’ombudsman, 30 provinces du pays sur 195 sont affectées.

Dans la capitale Lima, la police a dispersé avec des gaz lacrymogènes une foule de dizaines de manifestants partis de la Plaza Dos de Mayo et qui essayaient d’atteindre le Congrès.

Appel au calme

À Arequipa (sud), la police tentait de débloquer des routes en utilisant la même méthode, selon un correspondant de l’AFP. Certaines voies de circulation sont également bloquées dans les régions de Junin (centre), Cusco et Apurimac (sud-est), selon l’AFP et la presse locale.

La liaison ferroviaire entre Cusco et la citadelle inca du Machu Picchu, joyau touristique du Pérou, a été suspendue mercredi par précaution et pour une durée indéterminée afin d’assurer la sécurité des touristes, a indiqué dans un communiqué la compagnie PeruRail.  

Mardi, 2000 touristes ont été évacués du site, selon la police.  

Le ministère de la Culture a précisé que l’accès à la citadelle et aux parcs archéologiques se déroulait normalement mercredi, malgré les manifestations.  

En décembre, des milliers de visiteurs avaient été bloqués au Machu Picchu et à Cusco, la liaison en train ayant été interrompue et l’aéroport fermé à la suite d’une tentative de prise de contrôle par les manifestants.  

Dans les régions où des manifestations ont repris mercredi, bâtiments publics et aéroports sont gardés par la police et l’armée, les militaires étant autorisés à assurer le maintien de l’ordre après la proclamation de l’État d’urgence à la mi-décembre.

À Lima, Mme Boluarte a appelé à la fin des manifestations, « à la paix, au calme et à l’unité pour promouvoir le développement du pays ».

Mercredi, la présidente du Pérou a demandé à l’ex-dirigeant bolivien, Evo Morales, de ne pas interférer dans les affaires internes du Pérou et a dit « envisager » de lui bloquer l’accès au pays.

Des marches ont été organisées dans tout le pays, principalement par des mouvements de droite et de centre-droite, pour réclamer « la paix et la fin des violences ».  

Le Parlement péruvien a voté le 20 décembre l’avancement des élections générales de 2026 à avril 2024, afin de tenter d’endiguer la crise et de mettre fin aux protestations déclenchées par la destitution, le 7 décembre, de Pedro Castillo et son placement en détention.