(Brasilia) « Ce n’est pas que la victoire de Lula, c’est la victoire de tout le peuple brésilien », lance samedi Herval Nogueira Junior, qui a parcouru plus de 1300 km à vélo pour assister à l’investiture du président désigné de gauche à Brasilia.

Le casque de cycliste encore vissé sur le crâne, ce retraité de 60 ans fait sensation dans le campement de militants de gauche installé dans un immense hangar près d’un grand parc du centre de la capitale brésilienne.

Des dizaines de milliers de personnes sont attendues dimanche pour une journée de cérémonies officielles et de célébrations plus festives dans la capitale à l’occasion de l’intronisation de Luiz Inacio Lula da Silva.

Elles affluent depuis plusieurs jours des quatre coins du pays, apportant des tentes décorées à l’effigie de Lula ou de l’étoile du logo du Parti des Travailleurs (PT), responsable de l’organisation du campement qui devrait accueillir quelque 18 000 personnes.

PHOTO SERGIO LIMA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Lula da Silva, qui a déjà été président du Brésil de 2003 à 2010, prendra ses fonctions pour la troisième fois lors d’une grande inauguration à Brasilia le 1er janvier 2023.

Herval Nogueira Junior est parti à vélo le 21 décembre d’Aracruz, dans l’État d’Espirito Santo (sud-est). Il a parcouru environ 130 km par jour, dormant dans des auberges bon marché, sauf le huitième jour, quand il a dû planter sa tente au bord de la route.

« Ça peut sembler fou, mais j’ai voulu me mettre au défi. J’ai des prothèses aux deux genoux et je me suis mis à faire du vélo pour renforcer les muscles de mes jambes », raconte à l’AFP ce Brésilien qui s’est abîmé les cartilages en travaillant dans un port.

Le couple d’enseignants Raquel Rocha et Marcos Angelus a aussi fait un sacré périple pour arriver à Brasilia : ils sont partis le 26 décembre en voiture de Joao Pessoa, dans l’État de Paraiba (nord-est) et ont été les tout premiers à arriver au campement, jeudi.

Les organisateurs n’attendaient les premiers arrivants, la plupart venus en autocar, qu’à partir de vendredi, mais ils ont tout de même pu planter leur tente.

« On aurait pu venir en car, mais on a préféré partir à l’aventure, s’arrêter en chemin », dit Marcos Angelus, 38 ans.

« J’espère que ce sera la fête de l’amour, de la paix, pour qu’on puisse vivre ce moment historique sans violence », dit sa compagne Raquel, jeune femme blonde âgée de 34 ans.

Fouille minutieuse

Amanda Vannucci, venue de Sao Gonçalo, banlieue de Rio de Janeiro, est aussi inquiète au sujet de la sécurité, après la découverte d’une bombe dans un camion-citerne près de l’aéroport de Brasilia samedi dernier.

« On prend nos précautions, on marche toujours en groupe. J’ai un peu peur, mais je suis heureuse, je suis membre du PT depuis 18 ans et je suis émue à l’idée de voir Lula, un ancien tourneur-fraiseur, comme mon père, revenir à la présidence », explique cette métisse de 30 ans.

La plupart des personnes accueillies dans le campement ont dû s’inscrire au préalable. À leur arrivée, elles doivent s’identifier au poste d’accueil, puis sont minutieusement fouillées avec des détecteurs de métaux à l’entrée.

Mais à l’intérieur, l’ambiance est festive. Un groupe de jeunes originaires de l’État du Minas Gerais (sud-est) chante des chansons de rock brésilien, accompagné d’une guitare.

Leonam Costa, ingénieur de 27 ans, a voyagé 24 heures en autocar depuis Toledo, dans le Parana (sud), mais il est originaire du Para, un des États d’Amazonie les plus touchés par la déforestation.

« J’espère qu’avec Lula, tout va changer, qu’on va mieux préserver la nature », dit ce jeune homme noir qui arbore un chapeau de paille traditionnel orné de bandelettes fluo sur les côtés.