(Nations unies) Des informations « crédibles » font état de « violences à large échelle » contre l’ethnie des Massalit au Darfour, s’est inquiété mardi le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, dénonçant une « escalade » des violences interethniques au Soudan.

« Nous sommes en train de chercher à confirmer des informations crédibles que nous avons reçues concernant des violences à large échelle visant les membres de la communauté des Massalit au Darfour, en particulier à El-Geneina », chef-lieu du Darfour-Ouest, a déclaré à la presse Stéphane Dujarric.

Ces informations évoquent « des violences qui auraient été commises par des milices arabes entre le 4 et le 6 novembre, avec la possible complicité des Forces de soutien rapide (FSR) », paramilitaires en guerre contre l’armée depuis mi-avril, a-t-il ajouté.

Cela inclurait « des assassinats ciblés d’hommes et de femmes » de l’ethnie non arabe des Massalit, « des traitements inhumains et dégradants et l’expulsion forcée de communautés massalit qui avaient trouvé refuge à Ardamata, dans la banlieue d’El-Geneina et dans d’autres zones », a-t-il précisé, évoquant également des informations concernant des violences commises par des « membres de milices massalit contre des membres de la communauté arabe à El-Geneina ».

« Malheureusement ces développements témoignent d’une escalade des conflits interethniques et intercommunautaires au Soudan », a souligné le porte-parole, appelant toutes les parties à protéger les civils.

Déclenchée le 15 avril, la guerre entre l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 9000 morts selon une estimation de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), considérée comme très largement sous-estimée.

Les FSR entendent régner en maître au Darfour, où l’ONU craint un possible nouveau « génocide » après celui mené au début des années 2000 par leur ancêtre, les Janjawids, pour le compte du dictateur de l’époque Omar el-Béchir.

Cette guerre a aussi déplacé plus de six millions de personnes, et l’ONU craint une nouvelle vague de déplacés avec l’intensification des combats notamment au Darfour.

La semaine dernière, la coordinatrice humanitaire de l’ONU au Soudan Clémentine Nkweta-Salami avait estimé que les violences au Soudan frôlaient « le mal absolu. »