Le puissant séisme qui a frappé le cœur du Maroc vendredi soir s’est produit dans une zone qui ne connaît généralement pas de forte activité sismique.

Ce séisme est-il une surprise ?

Le Maroc a connu plusieurs importants tremblements de terre au cours des dernières décennies. Le séisme d’Agadir en 1960 avait détruit toute la ville et fait près de 15 000 morts, et plus récemment, il y a eu celui d’Al Hoceïma en 2004, plus au bord de la Méditerranée. L’épicentre du séisme de vendredi ne se trouve toutefois pas dans la zone la plus active du Maroc. « C’est un évènement assez rare dans cette région », dit Fiona Ann Darbyshire, professeure au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM.

Est-ce une bonne chose que l’épicentre du séisme n’était pas dans une grande ville ?

« C’est une bonne nouvelle que ça ne se soit pas produit dans un grand centre urbain, mais malheureusement, la région touchée est difficile à atteindre », dit Mme Darbyshire. Des glissements de terrain, provoqués par les secousses, compliquent actuellement l’accès aux villages en montagne. « L’aide sera possiblement réduite à cause de ces glissements de terrain et des routes endommagées », craint la spécialiste.

Par ailleurs, dans les petits villages où la pauvreté est plus répandue, les habitations sont souvent érigées sans respecter les normes de construction conçues pour résister aux séismes, ajoute-t-elle. En cas de tremblement de terre, les dégâts peuvent donc être plus importants.

Qu’est-ce qui explique la violence de ce séisme ?

INFOGRAPHIE LA PRESSE

D’abord, la magnitude du séisme est estimée à 6,8 ou 6,9, ce qui est une intensité assez forte. Cela équivaut essentiellement à un déplacement moyen d’environ un mètre le long de la faille en quelques secondes sur plusieurs kilomètres, explique Philippe Vernant, enseignant-chercheur à l’Université de Montpellier et spécialiste en tectonique active, à l’Agence France-Presse. Ce déplacement provoque d’importantes secousses dans la région. De plus, la profondeur du séisme, initialement estimée à environ 25 à 30 kilomètres, semble maintenant se situer plus près des 10 kilomètres, ce qui l’a rendu encore plus intense.

Faut-il redouter des répliques ?

Inévitablement, des répliques surviendront, et même si elles sont généralement moins puissantes, elles peuvent provoquer l’effondrement de bâtiments déjà fragilisés par le séisme initial, indique le chercheur Philippe Vernant. Un séisme peut d’ailleurs en déclencher un autre, comme ç’a été le cas en Turquie en février dernier. La première déchirure peut déclencher en cascade la rupture d’une autre faille, ce qui augmente le risque de séisme plus puissant que le premier.

Peut-on prévoir ce genre d’évènement ?

« Malheureusement, on ne peut jamais dire qu’il y aura un séisme dans une région à un moment donné », dit Fiona Ann Darbyshire. On peut tenter d’estimer des périodes de récurrence en fonction des différentes magnitudes des séismes. Mais la nature des séismes demeure imprévisible. Il peut y avoir deux séismes majeurs rapprochés dans le temps, suivis d’une longue période sans activité sismique marquée, explique Philippe Vernant.