(Genève) Au moins 183 personnes ont été tuées depuis juillet dans les affrontements dans l’État éthiopien de l’Amhara en proie à la violence depuis plusieurs semaines, ont annoncé mardi les Nations unies.

Le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU s’est aussi dit « préoccupé par la situation des droits de l’homme » dans ce pays depuis l’instauration de l’état d’urgence début août, faisant notamment état d’informations sur des « arrestations massives ».

« Dans la région de l’Amhara, à la suite d’une recrudescence des affrontements entre l’armée éthiopienne et la milice régionale Fano, et de la déclaration de l’état d’urgence le 4 août, la situation s’est considérablement aggravée », a déclaré à la presse à Genève la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), Marta Hurtado.

« Au moins 183 personnes ont été tuées dans des affrontements depuis juillet, selon les informations recueillies par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme », a poursuivi la porte-parole du HCDH.

L’Amhara, deuxième État le plus peuplé d’Éthiopie, est le théâtre depuis avril d’épisodes de violences armées, déclenchées par la volonté du gouvernement fédéral de démanteler les « forces spéciales » amhara.

Le gouvernement fédéral a décrété l’état d’urgence le 4 août après de nouveaux combats début juillet entre l’armée fédérale et des combattants amhara, dont des membres de la milice régionale « d’autodéfense » Fano.

« Nous sommes très préoccupés par la détérioration de la situation des droits de l’homme dans certaines régions d’Éthiopie », a dit Marta Hurtado, en soulignant que l’état d’urgence procurait de larges pouvoirs aux autorités.

Il leur permet notamment d’arrêter des suspects sans décision de justice, d’imposer des couvre-feux et d’interdire des rassemblements publics, a-t-elle détaillé.

« Nous avons reçu des informations selon lesquelles plus de 1000 personnes ont été arrêtées dans toute l’Éthiopie en vertu de cette loi. Beaucoup seraient des jeunes d’origine ethnique amhara soupçonnés d’être des partisans de Fano », a-t-elle affirmé.

« Depuis début août, des perquisitions massives de maison en maison auraient eu lieu », a-t-elle ajouté.

« Nous appelons les autorités à mettre fin aux arrestations massives, à veiller à ce que toute privation de liberté fasse l’objet d’un contrôle judiciaire et à libérer les personnes détenues arbitrairement », a-t-elle dit, en appelant par ailleurs tous les acteurs du conflit « à mettre fin aux meurtres, autres violations et abus ».

Les tensions en Amhara sont allées en augmentant depuis que le premier ministre Abiy Ahmed a annoncé vouloir démanteler les « forces spéciales », des unités paramilitaires créées par de nombreux États régionaux depuis une quinzaine d’années.

Les nationalistes amhara estiment que le gouvernement veut affaiblir leur région, alors que les « forces spéciales » amhara, ainsi que la milice Fano, ont été des alliés cruciaux du gouvernement durant la guerre du Tigré entre novembre 2020 et novembre 2022.