(Charm el-Cheikh) « Libérez les tous », « Pas de justice climatique sans droits humains », ont scandé samedi des centaines de militants à la COP27 en Égypte autour de la sœur du détenu Alaa Abdel Fattah, en danger de mort après sept mois de grève de la faim.

Pour la plus grande manifestation de cette COP à l’intérieur même de la « Zone bleue » où ont lieu les négociations, la foule a défilé entre les pavillons officiels à Charm el-Cheikh.

Parmi les orateurs, Sanaa Seif, la sœur de l’Égypto-Britannique Alaa Abdel Fattah, qui a organisé deux conférences de presse remarquées à la COP27 mardi.

À chacune d’elles, elle avait été prise à partie par des responsables égyptiens affirmant que son frère était un « criminel ».

« Je suis sûre que les puissants pensaient que je ne serais pas entendue, mais je trouve ici une famille qui m’attend […] venue du monde entier », a lancé un militant lisant un communiqué de Sanaa Seif devant la foule.

PHOTO JOSEPH EID, AGENCE FRANCE-PRESSE

Son frère, blogueur prodémocratie devenu icône du Printemps arabe, a le jour de l’ouverture de la COP27 dimanche, cessé de boire après sept mois passés à n’ingérer que 100 calories par jour.

Pour tenter d’en savoir plus sur sa santé, son avocat Khaled Ali a annoncé avoir demandé samedi un nouveau permis de visite. Jeudi, son permis délivré par le parquet avait été refusé par l’administration pénitentiaire parce qu’il était daté de la veille.

Sa famille qui le dit en danger de mort multiplie les appels à la communauté internationale - et à Londres en premier lieu puisque tous les membres de la famille ont un passeport britannique.

Après que plusieurs dirigeants occidentaux, dont le président américain Joe Biden vendredi, ont évoqué son cas avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, la famille du prisonnier a changé de stratégie.

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Alaa Abdel Fattah a été arrêté fin 2019 et condamné à cinq ans de prison pour diffusion de « fausses informations » après avoir reposté sur Facebook un texte, écrit par un autre, accusant un officier de torture.

Vendredi soir, son avocat et son autre sœur, Mona Seif, ont annoncé avoir formellement déposé une nouvelle demande de grâce présidentielle, soulignant notamment qu’Alaa était « le seul homme de la famille après le décès de son père », grand avocat des droits humains, et que son fils, « atteint d’autisme avait perdu la parole » depuis sa dernière arrestation.

Des arguments qui semblent avoir porté puisque l’un des présentateurs de talk-shows les plus influents du pays, Amr Adib, grand partisan de M. Sissi, a plaidé pour une grâce « car il faut voir l’intérêt de l’Égypte avant toute chose ».

Icône de la révolution de 2011 en Égypte qui chassa du pouvoir Hosni Moubarak - un mouvement populaire dénoncé par M. Sissi-Alaa Abdel Fattah - il fêtera ses 41 ans le 18 novembre. Il a été arrêté en 2019 et condamné à cinq ans de prison pour diffusion de « fausses informations » après avoir reposté sur Facebook un texte, écrit par un autre, accusant un officier de torture.

Selon les ONG, 60 000 détenus politiques sont emprisonnés en Égypte.