Un parlementaire égyptien pro-gouvernement a perturbé mardi une conférence de presse en soutien au militant pro-démocratie, Alaa Abdel Fattah, en marge de la COP27 en Égypte.

Alaa Abdel Fattah est « un citoyen égyptien détenu pour une infraction pénale, il n'est pas un prisonnier politique », a lancé le parlementaire pro-Sissi.

Le service de sécurité de l'ONU, organisateur officiel du sommet sur le climat, a dû faire sortir Amr Darwich qui tonnait : « N'essayez pas de vous servir de l'Occident contre l'Égypte ». Alaa Abdel Fattah, a-t-il ajouté, « s'en est pris à l'armée et à la police de son pays ».

L'Egypto-britannique, icône de la révolution de 2011 en Égypte - un mouvement populaire que le président Abdel Fattah al-Sissi dénonce régulièrement dans ses discours - a été arrêté fin 2019. Il a été condamné à cinq ans de prison pour diffusion de « fausses informations » pour avoir reposté sur Facebook un texte accusant un officier de police de torture.

« Qu'est-ce qu'une mort de plus en prison pour les autorités égyptiennes qui ont tant de sang sur les mains ? », s'interroge sa mère sur Facebook. « Je m'adresse aux autres, au Premier ministre britannique et au reste des dirigeants à Charm el-Cheikh », écrit encore Laila Soueif.

Soutiens occidentaux

Mardi, le chancelier allemand Olaf Scholz a appelé le Caire à le sortir de prison pour éviter « une issue mortelle » à sa grève car, a prévenu le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits humains Volker Türk, « sa vie est en grand danger ».

Sa famille, elle, prévient: depuis qu'Alaa a cessé de boire dimanche, elle n'a reçu aucune preuve de vie. Et ce, alors que pour Laila Soueif, il peut survivre « un jour ou deux, trois maximum ».

Cette mathématicienne et figure des droits humains en Égypte a déjà passé deux jours devant sa prison à 100 kilomètres au nord du Caire dans l'espoir d'avoir de ses nouvelles mais elle n'a reçu « ni lettre, ni explication, rien qui nous dise qu'Alaa est vivant ou à l'intérieur », a tweeté sa fille Mona Seif.

« Il faut libérer tous ceux détenus pour avoir simplement exercé pacifiquement leurs droits humains, dont Alaa Abdel Fattah », a tweeté la militante écologiste Greta Thunberg, tout comme Clément Voule, rapporteur de l'ONU sur le droit de réunion.

Auparavant, le Premier ministre britannique Rishi Sunak, le président français Emmanuel Macron et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avaient évoqué le cas du militant pro-démocratie de 40 ans avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Choukri, président de la COP27, est monté au créneau lundi soir : Alaa Abdel Fattah « bénéficie de tous les soins nécessaires en prison », a-t-il dit à une télévision, ajoutant que l'Égypte n'avait pas formellement reconnu jusqu'à présent sa nationalité britannique.

Pour Sanaa Seif, ces « soins » pourraient en réalité signifier que son frère sera « nourri de force ». Elle a évoqué cette perspective à Charm el-Cheikh, imaginant son frère « menotté à un lit et nourri de force ».

Trois journalistes qui ont entamé lundi une grève de la faim au syndicat des journalistes au Caire poursuivaient mardi leur mouvement, réclamant « la libération de tous les détenus d'opinion d'Égypte », soit plus de 60 000 personnes selon les ONG.